Martine Damas, la vision du volume en couleurs – Pierre Patrolin
Invenit, 2013, 98 pages
En ouvrant ce catalogue d’expo (exposition ayant eu lieu à Roubaix entre octobre 2012 et janvier 2013), je croyais savoir à peu près à quoi m’attendre ; en vérité, je n’en savais rien.
Martine Damas avait pour but de « donner un corps à la couleur », au sens le plus radical du terme en quelque sorte. En effet, ses œuvres ne sont pas des objets décoratifs mais bien des « peintures en volume ».
Ce qui peut paraître abstrait est très bien expliqué dans ce catalogue et, une fois que l’on sait que ce que l’on voit n’est pas, par exemple, une simple poterie peinte, mais bien de la peinture en volume, on est encore plus fasciné par le travail de cette artiste (son travail sur le papier m’a moins convaincue).
Martine Damas peint avec « une terre liquide chargée de colorant » en utilisant généralement trois couleurs. Les objets présentés (car, in fine, le volume se traduit par la production d’un objet) ne sont nommés qu’à partir de la liste des couleurs utilisées, chacun est considéré comme une « peinture de terres » et, troisième information figurant sur sa carte d’identité : le diamètre.
Les peintures de Martine Damas ne distinguent donc pas le support et la surface. Dans la brève biographie figurant à la fin de l’ouvrage, il est mentionné que l’artiste ne comprenait pas que la sculpture et la peinture soient des disciplines distinctes à l’Ecole des beaux-arts ; elle avait déjà alors une vision de l’art où le volume et la couleur forment un tout. Et, il faut bien le reconnaître, son œuvre démontre magistralement son intuition.
Si certains propos m’ont laissée sur la touche, les explications de Pierre Patrolin sont globalement tout à fait abordables et, surtout, passionnantes pour qui s’intéresse à l’art plastique en général, aux notions de couleurs, de volumes, de vision et de ses perturbations face à une création qui remet en question nos repères.
Le travail de Martine Damas ne repose sur aucune théorie et ne cherche pas à démontrer quoi que ce soit ; pourtant il donne à penser, que ce soit du fait de l’agencement des couleurs ou du travail du volume. Le spectateur ne peut que se sentir engagé dans l’acte de regarder.
La découverte de cette artiste change notre rapport à l'art, encore plus quand on a l'occasion d'admirer ses œuvres, mais ce catalogue est déjà une magnifique ouverture sur la créativité et l'univers d'un être trop tôt parti.
Ce livre m'a été transmis par le réseau Libfly.