Jardins japonais – Danielle Elisseeff

Jardins japonais – Danielle Elisseeff
Nouvelles éditions Scala, 2010, 128 pages


Ce qui marque en premier lieu, alors que le lecteur potentiel ne fait que feuilleter le livre, c'est la diversité et la beauté de ces jardins où les éléments naturels se mêlent avec tant d’art aux pavillons ou temples dont ils servent d’agrément.

L’introduction intitulée « tous les jardins japonais ne sont pas zen » remet d'office les pendules à l'heure.
C’est à une promenade variée que nous invite Danielle Elisseeff, une promenade où le charme et la culture se mêlent habilement.

Les différents types de jardins correspondent à des buts précis et/ou des contraintes particulières comme les jardins réalisés par les moines avec les moyens du bord (jardins les plus connus en occident comme étant typiquement japonais avec leurs pierres, leurs mousses et leurs graviers). Et pour nous expliquer tout cela, l’auteur nous invite en même temps à nous plonger dans l’histoire du Japon, dans sa culture et dans ses rapports avec la Chine. En effet, le Japon a été fortement influencé par la Chine et, comme l’écrit l’auteur, si tous les jardins japonais ne sont pas zen, ils sont tous marqués par le confucianisme et/ou le taoïsme.

J’ai particulièrement apprécié le chapitre traitant des moines-jardiniers car il est étroitement lié à l’histoire de la cérémonie du thé, sujet qui me passionne. Ce chapitre m’a éclairée sur le roman de Yasushi Inoue, Le maître de thé, qui évoque le destin de Sen no Rikyû, le plus grand maître de thé japonais. J’avais déjà lu nombre de livres sur le thé au Japon quand j’ai lu ce roman mais il m’avait manqué des éléments historiques (notamment l’organisation de la société) pour tout à fait saisir les subtilités du roman d’Inoue. Jardins japonais, parce qu’il reprend le contexte historique, l’évolution et la montée en puissance de Sen no Rikyû, sa philosophie (que je connaissais) explicite considérablement les différents aspects du thème. En outre, les photos d’un pavillon proche de l’idéal du Maître, ainsi que la description et les photos du jardin tel qu’il le concevait achève de donner au lecteur une image sans équivoque (je n’avais fait qu’imaginer jusqu’alors au travers des descriptions lues). J’ai eu le sentiment de combler un vide, de boucler une boucle.

Il en est ainsi pour chaque chapitre : l’auteur mêle habilement tous les ingrédients nécessaires pour nous faire comprendre la conception de ces jardins dont aucun élément n’est laissé au hasard, la symbolique étant très marquée.


Ce livre est passionnant tant il aborde des sujets divers. Ces jardins, des plus modestes aux plus flamboyants, nous conduisent à balayer un champ bien plus large de thèmes qui s'entremêlent et donnent envie de creuser ces nouvelles découvertes, parfois étonnantes.
A ce titre, je vous invite à vous pencher sur l'ouvrage de Véronique Brindeau, Louange des mousses.