(Love and Summer, 2009)
Phébus, 2012, 252 pages
Traduction de Bruno Boudard
« Un soir de juin, quelques années après le milieu du siècle dernier, Mrs Eileen Connulty traversa la ville de Rathmoye : du numéro 4 de la Grand-Place à Magennis Street, avant de s’engager dans Hurley Lane, puis d’emprunter Irish Street et de traverser Cloughjordan Road pour enfin parvenir à l’église du Très-Saint-Rédempteur. »
L’histoire se déroule dans les années 50, au cœur de l’Irlande rurale. Lors d’un enterrement, un jeune homme inconnu est surpris en train de prendre des photos. Ellie, seconde femme d’un fermier plus âgé qu’elle, fait partie de ceux qui le remarquent. Les jours suivants, cet inconnu est à nouveau aperçu à Rathmoye et dans ses alentours. Le simple fait que personne ne sache qui il est suffirait à faire jaser mais il s’avère qu’en plus il entame la conversation avec Ellie à plusieurs reprises ; Ellie femme mariée, encore jeune.
Mais que se passe-t-il finalement entre ces deux personnages ? Surtout que se passe-t-il dans les têtes de Florian et d'Ellie ? En effet, Florian est sur le départ ; il n’attend plus que la vente de la maison familiale pour s’exiler. Ses parents ne lui ont laissé que des dettes, des livres et des tableaux et il veut recommencer sa vie ailleurs.
Ellie, quant à elle, a eu une histoire que l'on rencontre souvent dans les romans irlandais Sans avoir été malheureuse, Ellie n’a jamais eu de prise sur son destin. Orpheline, mariée à un homme avec lequel elle partage une relation qui relève plus de la tendresse que de la passion, elle mène une vie routinière mais rassurante.
« Il aurait été incapable de brûler les livres, il aurait été incapable de détruire avec une telle désinvolture les pages dans lesquelles il avait pour la première fois fait la connaissance de Miss Havisham et de Mr Verloc, et de Gabriel Conroy et d’Edward Ashburnham et de Heathcliff, et pour la première fois aperçu Netherfield Park et Barchester. »
Ellie, quant à elle, a eu une histoire que l'on rencontre souvent dans les romans irlandais Sans avoir été malheureuse, Ellie n’a jamais eu de prise sur son destin. Orpheline, mariée à un homme avec lequel elle partage une relation qui relève plus de la tendresse que de la passion, elle mène une vie routinière mais rassurante.
La rencontre entre ces deux êtres va brouiller la volonté de l’un et le contentement paisible de l’autre. Elle va surtout créer des séries de malentendus et une sorte de relation indéfinissable marquée par des interrogations sans fin de part et d’autre.
Si les histoires de Trevor laissent, avant tout, la place à l’intériorité, ce roman fait du sur-place. Les deux protagonistes principaux passent l’été à se torturer mentalement, à essayer de ne pas changer de direction tout en pressentant que quelque chose les appelle ailleurs. C’est loin d’être inintéressant sur le principe mais Trevor tourne en rond. A force d’être ressassées, les pensées des personnages finissent par manquer de saveur. Il manque un certain rythme qui aurait pu donner une sensation de renouvellement, même si quelques personnages secondaires, notamment le timbré du village, mettent un peu de piment.
Néanmoins, l’auteur nous montre une fois de plus ses qualités de psychologue. Il sait nous faire voir l’âme des Hommes dans sa complexité et ce voyage à lui seul est intéressant, même si, contrairement à ce qu’affirme le résumé officiel, cette histoire est loin d’être inoubliable.
« Il regarde jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de terre, seulement la lumière du soleil dansant sur les flots. »
Ce livre m'a été transmis par l'éditeur.