The Beautiful Things That Heaven Bears – Dinaw Mengestu

The Beautiful Things That Heaven Bears – Dinaw Mengestu
Riverhead Books, 2007, 228 pages
(VF : Les belles choses que porte le ciel)


« At eight o’clock Joseph and Kenneth come into the store. »

Sepha Stephanos est arrivé aux Etats-Unis à 19 ans. Originaire d'Ethiopie, il pensait ne rester que le temps que les troubles cessent dans son pays. Dix-sept ans plus tard, il vit toujours en Amérique, est propriétaire d'une épicerie qui n'en finit pas de péricliter en même temps que le quartier. Cet homme a une personnalité a priori peu attachante. Il attend que le temps passe et reconnaît lui-même ne rien espérer de ce pays dont il n'est plus dupe depuis longtemps.

« After seventeen years here, I am certain of at least one thing : the liberal idea of America is as its best in advertising. »


Pourtant, suivre Sepha dans son quotidien peut s'avérer passionnant car ce dernier n’est pas seulement un compte rendu de ses journées mais aussi un partage de réflexions sur la vie en général, sur la vie de Sepha en Amérique, en Afrique et sur l’Afrique aussi, ses coups d’Etat et ses dictatures. Cet aspect est loin d’être inintéressant. En effet, c’est ce qui relie Sepha à ses deux amis Joseph et Kenneth, également Africains, ce qui leur permet de se trouver une identité. Ils sont tous les trois conscients de ne faire que préserver les apparences, comme beaucoup d’émigrants non intégrés.

« Coups, child soldiers, famines were all a part of the same package of unending grief that we picked our way through in order to avoid our own frustrations and disappointments with life. »

« They had a religious devotion to the game […] a shared sense of gratitude for having at least one space where their decisions mattered. “Nobody” he said once, “understands chess like an African.” »


Le thème de l’émigration, de l’exil, de l’impossible retour parcourt ce livre tel un ruisseau qui court entre les obstacles d’une vie à laquelle on donne tous les attributs de la normalité, puis disparaît de la vue pour se faire plus discret sans pour autant cesser d’être.
Arrive le jour où, soit on reste dans la nostalgie, voire le déni, soit on décide de sauver sa peau : « … a man stuck between two worlds lives and dies alone. I have dangled and been suspended long enough. »


Emigration, intégration : des thèmes rebattus et pourtant… Dinaw Mengestu a une voix qui sait nous emporter et nous faire ressentir de l’empathie pour son personnage à travers une sorte de poésie indéfinissable. Le style, sans être flamboyant, insiste sur les relations entre les êtres humains, ce qu’elles peuvent avoir de beau en elle, sur les germes de vie qu’elles portent.
La relation que construira Sepha avec Naomie, la petite fille de sa voisine en est le meilleur exemple. Naomie a onze ans, est très éveillée et en même temps demandeuse de chaleur humaine et de repères dans une vie assez bousculée. A eux deux, ils inventent des histoires, lisent des livres, cherchent dans l’imaginaire des façons de s’échapper un peu du quotidien.

« Henry [un personnage imaginaire]…bore the brunt of our failures and mistakes, our disappointments, accidents, mishaps, frustrations, and angers. »

« To earn that kind of trust and affection from a child is to find out that you may have just been a better person than you believed all along. »


J’ai énormément aimé ce livre qui, s’il évoque des sujets assez mornes, leur donne une luminosité inhabituelle avec beaucoup de sobriété. L’angle choisi est également original dans sa façon de mêler les différents thèmes et d’associer des morceaux de vies.
Je ne peux que recommander chaudement ce livre à ceux qui ne l’ont pas encore lu.


« Through the canopy of trees that line the walkway cutting through the middle of the circle is a store, one that is neither broken nor perfect, one that, regardless of everything, I’m happy to claim as entirely my own. »