Olive Kitteridge : A Novel in Stories – Elizabeth Strout

Olive Kitteridge – Elizabeth Strout
Simon & Schuster, 2008, 270 pages


« For many years Henry Kitteridge was a pharmacist in the next town over, driving, every morning on snowy roads, or rainy roads, or summertime roads, when the wild raspberries shot their new growth in brambles along the last section of town before he turned off to where the wider road led to the pharmacy. »


Le titre français de ce livre se limite au nom de l’héroïne. Le titre original introduit une notion supplémentaire, à savoir la construction du livre sous forme d’histoires. Quand on se reporte aux informations figurant à l’intérieur du livre, on remarque que la plupart des textes composant les chapitres de ce roman ont d’abord été des nouvelles publiées dans divers magazines et journaux. J’ai été très intéressée par ce procédé, ainsi que par les dates de rédactions des textes et leur agencement dans le roman. J’ai eu le sentiment d’assister à un processus de création. La construction fait également penser au livre de Colette Pellissier, Le chat dans la gorge.

C’est ainsi qu’au fil de ces treize textes, on retrouve, de façon plus ou moins marquée (parfois elle n’apparaît que fugitivement, le temps d’une phrase) ce personnage controversé que j’ai, pour ma part, adoré. Olive Kitteridge ne cherche pas à être sympathique ; elle est elle-même et c’est à prendre ou à laisser. Ainsi, beaucoup s’en tiennent aux apparences et ne savent pas déceler la part d’humanité qui pourrait définir ce personnage profondément émouvant. Beaucoup confondent les manifestations bruyantes de sollicitude avec la véritable compassion et, dans un tel contexte, Olive n’apparaît pas à son avantage, passant pour un être brutal quand elle est une personne dont les sentiments s’expriment par des actes, généralement discrets. Certes, elle n'est pas très patiente et, certes, la bêtise ordinaire l’insupporte mais je ne peux décemment pas lui jeter la pierre…

Olive n’est pas une sainte et n’essaie même pas d’être populaire : est-ce cela qu’on lui reproche ?
Ces tranches de vie permettent au lecteur de mieux cerner ce personnage dans toute sa complexité. Nous la voyons également évoluer au fil du temps qui passe car les textes couvrent plusieurs décennies, avec comme contrepoint son mari, Henry (la patience incarnée), et leur fils, Christopher, qui ne lui pardonne pas son enfance et le lui fera payer chèrement.

Olive Kitteridge est un livre qui a parlé à mon cœur et qui m’habitera longtemps. J’ai adoré l’ambiance de ces textes (l’histoire se déroule dans une petite ville du Maine) et surtout, comme vous l’aurez compris, ce personnage singulier au travers duquel nous passons au crible la vie dans ces moments cruciaux, ces virages prévus ou pas. D’une certaine façon, ce livre est une célébration de la vie ; il suffit juste de regarder sous la surface des choses...


« She did not want to leave it yet. »


Pulitzer Prize 2009