Tous
nos petits morceaux – Emmanuelle Urien
D’un
noir si bleu, 2011, 180 pages
Emmanuelle Urien
excelle à l'exercice de la nouvelle, un genre délaissé, boudé et pourtant
nécessitant un véritable talent, tant l’erreur minuscule peut être fatale au
texte. Or ce recueil est encore meilleur que tous ceux que vous auriez pu lire
à ce jour.
Il témoigne
d’une plus grande maturité dans l’écriture
par rapport aux productions précédentes. La plume semble affermie, sûre d’elle,
plus nuancée aussi. Le sujet est également traité de façon plus fine que
d’habitude. L’angle choisi et le déroulement du texte sont souvent surprenants.
La
première nouvelle, particulièrement réussie, est comme une introduction, nous
présentant une galerie de portraits et surtout de caractères.
> Le sujet du
miroir et de l’image qu’il nous renvoie a déjà été largement traité ; or
l’auteur trouve encore des histoires à raconter, différentes de celles déjà
lues et entendues. Cela est notamment dû au fait que ce sont les miroirs qui
s’expriment le plus souvent mais aussi au jeu auquel se livre l’auteur autour
de la notion de miroir (même si l’on
peut regretter qu'aucun texte ne fasse référence aux gauchers, à l'écriture
inversée, et plus amplement à l'univers « à l'envers » qui est le leur).
> Ces textes
reflètent fort bien les rapports complexes que nous entretenons avec cet objet
particulier, mais aussi avec nous-mêmes. Le miroir ne se contente pas de
renvoyer une image, il révèle aussi notre âme, nous découvre. L’idée n’est pas
nouvelle mais son traitement dans
ces textes est vraiment intéressant,
sans parler de la dernière nouvelle, tout simplement stupéfiante.
Voilà un très
beau recueil de textes qui, en prime, vous fera prendre conscience de la place
des miroirs de toutes sortes dans nos vies, y compris ceux auxquels on ne fait
pas attention (mais, prenez garde : eux voient tout !).
Ce livre m’a été transmis par l’éditeur.