Ce qui a dévoré nos cœurs – Louise Erdrich
(The Painted Drum, 2005)
Livre de poche, 2010, 352 pages
Traduction d'Isabelle Reinharez
(The Painted Drum, 2005)
Livre de poche, 2010, 352 pages
Traduction d'Isabelle Reinharez
Chargée de
procéder à l'inventaire d'une demeure du New Hampshire, Faye Travers remarque
parmi une étonnante collection d'objets indiens du XIXe siècle un tambour
rituel très singulier. Émue et troublée cet instrument, elle se prend à
l'imaginer doté d'un étrange pouvoir.
Il est difficile de résumer ce roman polyphonique
aux histoires qui, bien qu’entremêlées, donnent parfois le sentiment d’être
totalement indépendantes les unes des autres, comme une succession de
nouvelles.
Après une première partie focalisée sur Faye,
nous découvrons peu à peu l’histoire douloureuse de ce tambour et le rôle qu’il
joua/joue dans la vie de certaines personnes. En même temps, Louise Erdrich
nous fait vivre les mythes et traditions de tribus indiennes. Je ne suis guère
passionnée par les Indiens d’Amérique mais l’angle d’approche de l’autrice a
réussi à me captiver. Au-delà des mythes et traditions, elle évoque plutôt
l’âme d’un peuple. Elle parle au cœur.
En effet, en plus d’un style poétique, il faut
relever la profondeur des sentiments qui jalonnent ce roman et la façon qu’a
l’auteur de les mettre en valeur, de nous les faire ressentir et même vivre.
« Les loups acceptent la vie qui leur est donnée… Ils sont efficaces. Ils affrontent ce qui se présente puis vont de l’avant. Minute après minute. D’un jour à l’autre. »
C’est un roman ardent qui happe et ne relâche qu’à la fin un lecteur haché menu
par tout ce qu’il aura vécu.
La quatrième de couverture parle de luminosité et
c’est vraiment ce qui ressort du livre et même ce qui reste une fois la lecture
achevée. C’est un très beau roman qui donne envie de relire cet écrivain aussi
bien pour les valeurs qu’elle véhicule que pour la force de son écriture
superbe et sensible.
« La vie te brisera. Personne ne peut t’en
protéger, et vivre seule n’y réussira pas davantage, car la solitude, et son
attente, te brisera aussi. Tu dois aimer. Tu dois ressentir. C’est la raison
pour laquelle tu es ici sur terre. Tu es ici pour mettre ton cœur en
danger. »