La
femme de l’Allemand – Marie Sizun
Arléa, 2007, 250
pages
Elles
sont deux. Fanny et Marion. L’une est la mère, l’autre la fille. Elles vivent
ensemble dans ce Paris de l’après-guerre, plein de promesses et de blessures
encore ouvertes.
Marie Sizun met en valeur, mais sans exagération malvenue, la
douleur de l'histoire vécue par Marion. Entre sa filiation avec un Allemand et
une mère souffrante de troubles maniaco-dépressifs, Marion part dans la vie
avec un double-poids. Pourtant, grâce à cette mère, certes malade mais aussi
fascinante, elle va pendant longtemps vivre cette situation avec naturel. Sa
maman est différente ? Et alors ! Son père est Allemand ? C'est exotique et en
plus il est mort, ce qui rend son souvenir encore plus mythique.
Marion traverse des épreuves impitoyables. Elle est prisonnière de
la folie de sa mère dont la « différence » la fascinait pourtant
quand elle était enfant. Elle apprendra, au fil des événements, combien l'amour
ne peut pas toujours tout, notamment sauver sa mère de la maladie. Mais sa façon
de lutter pour préserver sa mère, ses déchirements entre l'amour qu'elle lui
voue et la nécessité de la trahir pour qu'elle soit soignée vous prennent à la
gorge.
Au-delà de cette relation mère-fille particulière, l’auteur aborde
le thème des racines et du secret, de la façon de vivre un état de fait qu'on
ne peut changer, comme d'être née de père Allemand à la fin de la seconde
guerre mondiale. Marion devra faire preuve de patience pour reconstituer les
faits. Mais quelle est la part de vérité dans ce qu'elle entend ? En décodant
l'histoire de sa mère, elle apprendra aussi à se construire.
Ce livre est poignant, d'une beauté absolue et cruelle. Il se lit
d’une traite, comme si le lecteur était aspiré dans la tourmente de Marion et
de sa mère.