Le bruit des choses vivantes – Elise Turcotte
Babel, 1999, 244 pages
A 30 ans, Albanie vit seule dans une grande ville avec la
petite Maria, âgée de 3 ans. Entre la mère et la fille une connivence
s'installe, faite d'amour partagé, cependant que le monde extérieur s'impose à
elles avec son lot de problèmes contemporains. Les familles se défont, des
enfants laissés sans surveillance jouent dans la rue, une clef portée autour
du cou comme un pendentif. Comment vivre ? Seul le « bruit des choses
vivantes » permet d'apprivoiser la vie, murmure la petite Maria.
C'est un roman remarquable tant sur la forme que sur le
fond. Elise Turcotte a un style très poétique (elle est par ailleurs poétesse). C'est un plaisir de lecture incroyable qui incite par moment à lire à
voix haute, juste pour entendre résonner la musique des mots. Les phrases
coulent de source, les chapitres défilent et on finit par ralentir la
cadence pour mieux savourer chaque instant.
L'histoire, quant à elle, est toute
en délicatesse. La description de la relation entre Albanie et Maria est
touchante, toute en pudeur et en émotions. Et leur ouverture sur l'extérieur au
fil du livre est dans la même tonalité. Pourtant, point de niaiserie ici. Le monde extérieur semble être une source infinie de soucis,
certains lointains mais d'autres tous proches. Albanie et Maria ne ferment pas
les yeux et finiront par s'impliquer et par ouvrir leur bulle de sérénité aux
autres.
Ce livre est un petit bijou, une pièce d'orfèvrerie littéraire : ne
passez pas à côté !