L’aviatrice – Paula McLain
(Circling
The Sun, 2015)
Presses de la Cité,
2015, 400 pages
Traduction d’Isabelle
Chapman
Ce
livre est une biographie romancée de Beryl Markham (nom de son second époux).
Elevée au Kenya par son père et ayant fréquenté les Kipsigi vivant là, Beryl va
recevoir une éducation non conventionnelle. Elle va tracer sa route en se
moquant des convenances, créant le scandale notamment du fait de ses liaisons.
Première femme entraîneur de chevaux, elle fera surtout parler d’elle en tant
qu’aviatrice.
Paula
McLain sait comment embarquer le lecteur. Elle s’attache à décrire l’Afrique dans
toute sa beauté et mène l’intrigue tambour battant. C’est un roman qui se lit
facilement, dans lequel on se laisse prendre.
Le livre
s’achève avant que Beryl Markham ne s’engage tout à fait dans la voie de l’aviation.
C’est un choix judicieux : plus que les prouesses de Markham dans ce
domaine, c’est la façon dont elle a été amenée à prendre ce virage qui est
intéressante. Qui était-elle ? Comment s’est-elle construite ? Voilà
à quoi répond ce livre et c’est par moment passionnant.
En
effet, à défaut d’être attachante, Beryl Markham a surtout mené une existence
peu commune. Son éducation en marge en a
fait une personne différente de celles de son milieu. Comparée à Karen Blixen
que l’on retrouve abondamment dans ces pages, elle est plus libre et
aventureuse (alors même que Blixen n’était pas pantouflarde). Blixen avec
laquelle elle partagera un amant, Denys Finch Hatton (à noter que si vous avez
vu Out of Africa, il vaut mieux
garder l’image de Redford si vous voulez rêver un peu, plutôt que celle du vrai
Finch Hatton avec son visage de fillette).
Qu’elle
ait grandi en Afrique en fait aussi un personnage à part dans la communauté des
colons. Elle fréquente essentiellement le monde des Blancs mais est imprégnée,
depuis son plus jeune âge, de la culture des Noirs. Son ami le plus proche, avec
lequel elle a grandi, est d’ailleurs un indigène. Cela affecte évidemment sa
vision du monde.
Le livre tire aussi son intérêt des personnages qui
entourent l’héroïne. J’ai cité Blixen et Finch-Hatton mais il y a beaucoup de
personnages secondaires hauts en couleur et généralement inconnus sur lesquels
on voudrait en savoir plus tant leurs vies ont l’air également passionnantes.
On pourra regretter les trente dernières pages, un peu trop
larmoyantes à mon goût. C’est surtout l’enfance, la jeunesse de cette femme qui
m’ont retenue, plus que ses déboires amoureux par exemple. Je suis néanmoins
reconnaissante à l’auteur de ne pas en avoir trop fait quant à deux sujets
délicats : l’abandon de Beryl par sa mère et l’abandon qu’elle dû
elle-même faire de son enfant.
C’est un roman qui se lit vite et avec plaisir et qui ferait un beau film.
Ce livre m’a été transmis par l’éditeur.