Carton rouge - Agnès Dumont / Patrick Dupuis

 

Carton rouge Dumont Dupuis Weyrich Belgique

Carton rouge - Agnès Dumont / Patrick Dupuis
Weyrich, 2024, 284 pages


Qui veut réduire Clarisse Dubois au silence alors qu’elle enquête sur la place des femmes dans le foot ? Et pourquoi ? Staquet et Ben Mimoun vont plonger à sa suite dans le monde des supporters du Standard de Liège, quitte à découvrir ce qu’ils n’y cherchaient pas.


Quatrième volume du duo Ben Mimoun / Staquet, Carton rouge est une vraie bonne surprise !

Je l'avoue, le contexte de l'intrigue a failli agir comme un repoussoir. Or il n'est qu'un prétexte pour mettre en scène un duo attachant. Leurs aventures dépassent d'ailleurs largement l'enquête principale, elle-même très bien conçue. 

J'ai particulièrement aimé l'accent sur la relation Ben Mimoun / Staquet, faite d'amitié et de pudeur, mais aussi que cette enquête soit si différente que Neige sur Liège que j'avais pourtant beaucoup aimé ; autrement dit, la capacité des auteurs à se renouveler à tous points de vue est vraiment très agréable et donne à la série un intérêt en soi. C'est sacrément bien ficelé, très plaisant à lire : rien à redire à ce travail de belle qualiré.

J'espère, toutefois, qu'une "suite" est prévue parce que l'intrigue n'est que partiellement résolue et je ne peux croire que ce soit un hasard.


Mes avis sur le tome 1  et le tome 2  - j'ai raté le tome 3 et vais tacher de corriger le tir.


Meurtres (T1 : Mort d’Isabelle) – Charles Plisnier

 

Meurtres (T1 : Mort d’Isabelle) – Charles Plisnier

Meurtres (T1 : Mort d’Isabelle) – Charles Plisnier
Libretto, 2024, 272 pages

C’est l’histoire d’une famille, d’origine modeste, devenue bourgeoise ; ce statut encore tout frais doit être préservé coûte que coûte (« Il faut sacrifier un escalier, pour sauver toute la maison, quitte à le rebâtir après, plus solide. »).

Le livre s’ouvre sur la journée de commémoration du décès du père qui était instituteur. La mère est entourée des siens : un fils avocat, un autre médecin, un troisième prêtre et un dernier cultivateur, par choix. Cherchez l’erreur ! Ce dernier, Noël, est marié à Isabelle, dont le reste de la famille estime qu’elle détourne Noël d’une vraie carrière, sans compter qu’elle est malade et qu’il se dévoue à elle.

Le style est classique, pas aussi brillant que je l’avais espéré et, en même temps, aiguisé, délicieusement ironique. Sur la femme de l’aînée, l’auteur écrit : « Ses deux grands plaisirs étaient la bienfaisance et le mépris, activités qui d’ailleurs se mêlent assez volontiers à l’ordinaire. » Il est très orienté sur le profil psychologique de chacun.

Le fond est dense et équilibré : s’il repose beaucoup sur des raisonnements et considérations intérieures, il ne délaisse pas pour autant les divers événements qui font avancer l’intrigue – il y en a pour tous les goûts et jamais on ne s’ennuie. Plus la lecture avance, plus j’étais embarquée dans cette histoire à la fois révoltante et passionnante ; les retournements de situation, les revirements partiels de personnages contribuent à son intérêt quand l’esprit se repose par erreur, pensant avoir cerné l’intention de l’auteur.

En définitive, le premier tome de cette série s’est avéré une excellente découverte et j’ai hâte de lire la suite !

Lire le début

 

Pillages - Maxime de Lisle + Renan Coquin


Pillages - Maxime de Lisle + Renan Coquin

Pillages - Maxime de Lisle + Renan Coquin
Delcourt, 2024, 120 pages


C’est l’histoire de la folie humaine qui détruit la planète, mais aussi celle de volontaires qui essaient de lutter pour sauver ce qui peut l'être. Plus précisément, ce docu-fiction raconte la surpêche qui pille les océans, détruit des écosystèmes, enlève aux pêcheurs traditionnels leurs moyens de subsistance, bouleverse l'économie d'Etats, etc. Tout cela pour répondre à la consommation frénétique de l'Occident et de l'Asie. Si des règles ont été définies pour tenter de contenir les excès, elles sont constamment bafouées. Des ONG, telles Sea Shepherd, tentent de combattre la pêche illégale, y compris en travaillant avec des Etats, comme dans l'histoire de cette BD.

Le fond est très riche : en peu de pages, il couvre quantité de sujets, sans pour autant être indigeste ou inaccessible. Il alterne les planches racontant la vie d'un pêcheur africain obligé de quitter sa famille et son pays pour trouver une nouvelle source de subsistance, celles narrant la mission d'une ONG comme Sea Shepherd et enfin des planches informatives - ces dernières sont ce qui m'a le plus intéressée. En effet, elles sont très claires, en particulier dans la mise en valeur des liens entre différentes problématiques (insécurité alimentaire de certains pays quand d'autres "se gavent", pauvreté, pêcheurs esclaves, corruption, trafics divers, "fonctionnement" de l'océan, etc.). En outre, elles présentent les informations sous des formes diverses : statistiques, schémas, etc. 

Le propos évoque aussi l'engagement des volontaires, leurs ambitions et motivations, la force et la fragilité de ce combat. Sur ce point, je préfère les vidéos des opérations de Sea Shepherd, plus complètes et dynamiques que le format BD.
S'il peut paraître un peu moralisateur (mais comment faire autrement ?), il a l'avantage d'être exhaustif, interroge les pratiques de chacun et leurs conséquences. Comme toujours, c'est à chaque individu d'agir à son échelle pour qu'il se passe quelque chose.

A l'exact opposé du petit bout de la lorgnette que nous tend la plupart des médias, cette BD documentaire offre une vision du monde élargie qui permet à chacun de faire des choix en connaissance de cause.

Un livre nécessaire (et excellente préface de Baptiste Morizot).

« Si l’océan meurt, nous mourons… » (Paul Watson)

Lire un extrait

Site de Sea Shepherd France