Recherche femme
parfaite – Anne
Berest
Grasset, 2015, 304 pages
Emilienne
est une jeune trentenaire tout ce qu’il y a de plus banal ; elle est
photographe (photos de classe, de mariage,…) et voudrait percer dans la
photographie d’art.
Elle s’est
inscrite à un concours, organisé dans le cadre des rencontres de la
photographie d’Arles, ayant pour thème « Portrait(s) de femme(s) ».
Or sa voisine est une femme de son âge qui, contrairement à Emilienne, réussit
tout. Elle est pour la narratrice, la femme parfaite. Mais Julie va s’avérer
indisponible pour son projet et Emilienne va se lancer dans une quête de femmes
parfaites à photographier.
Le
projet de l’auteur est intéressant ; ce roman, féministe et moderne,
déculpabilise la femme du XXIème siècle qui s’est laissée persuadée
qu’elle devait être parfaite dans tous les domaines, voire que la féminité
était quelque chose d’embarrassant (« …
les femmes ne veulent plus ressembler à des femmes. »).
Emilienne,
qui s’auto-déprécie facilement sans en faire une montagne non plus, est bien
plus fine qu’elle voudrait nous le faire croire. Ainsi, parlant de son fils,
elle confie : « … je n’ai rien
fait de lui. Il existe. Tout seul. Et ce n’est pas donné à tout le monde une
chose pareille. »
Nous
revisitons avec elle la question des rondeurs naturelles, de la marchandisation
du corps féminin, du formatage des esprits, de ces femmes artistes que l’histoire
a ignoré, etc.
Bien
que l’auteur égratigne allègrement l’idée que l’on se fait de la femme qu’il
faudrait être, le ton reste à la comédie, enlevé et joyeux et cela participe au
plaisir de lecture.
On
pourra néanmoins regretter des longueurs et un certain essoufflement. Certes il
faudra des détours à Emilienne pour arriver à ses fins mais on s’enlise un peu
par moment.
C’est
un livre qui m’a laissée un peu perplexe : d’un côté on pourrait dire que
c’est un joli petit moment de lecture sans conséquence, d’un autre il faut bien
reconnaître que ce texte recèle une profondeur à côté de laquelle il ne
faudrait pas passer.