Les Finlandais sont des gens heureux - Katja Pantzar
(Finding Sisu : In search of Courage,
Strengh and Happiness the Finnish Way, 2018)
Belfond, 2019, 256 pages
Traduction de Daniel Roche
Sous-titre : Le
sisu ou comment retrouver sa force intérieure
Dépressive, la journaliste
canadienne, décide de retourner vivre en Finlande, le pays de ses parents. Elle
y découvre un mode de vie aux antipodes de celui des Nord-Américains ; en
l’adoptant, elle va trouver un équilibre qui lui a toujours fait défaut.
Le sisu (prononcer
« cissou ») est cette philosophie finlandaise fondée sur « une approche de la vie à la fois endurcie,
active, qui se déploie au grand air quel que soit le temps » et qui
incite à faire soi-même plutôt qu’à sous-traiter (les tâches ménagères, le
bricolage, etc.). Les Finlandais auraient intériorisé le sisu au point qu’il fait
tout simplement partie d’eux. De même, la façon d’éduquer les enfants, en
famille et à l’école, repose sur cette philosophie de vie.
Le sisu est également « un mode de vie qui nous permet de
transformer en opportunités, de manière active, les défis qui se présentent à
nous. » Concrètement, si vous ne passez pas votre temps à chercher la
solution de facilité (prendre la voiture au lieu de marcher, déléguer les
tâches pénibles au lieu de les faire vous-même, réparer plutôt qu’acheter du
neuf, etc.), vous allez développer une résistance à l’adversité et une attitude
courageuse et persévérante qui vous sera utile en toutes circonstances.
«…
manger davantage de bonnes choses, plutôt que se focaliser sur la réduction des
mauvaises. »
Au-delà de la déclinaison pratique du
sisu, l’autrice replace cet état d’esprit dans un contexte culturel et historique.
En effet, si la Finlande est aujourd’hui un pays au top de la réussite dans
bien des domaines, cela ne fut pas toujours le cas. Mais la classe politique a
visiblement réussi à s’entendre pour relever des défis en termes de santé et
d’éducation notamment en menant les chantiers nécessaires et intelligemment.
C’est un pays qui ne lésine pas sur les moyens (et donc le service public) pour
améliorer le sort de sa population.
« Quand les temps deviennent difficiles… les Finlandais lâchent prise.
[…] le sisu, ça ne consistait pas à s’accrocher dans la tension, mais à
permettre aux gens de découvrir par eux-mêmes ce que sera leur prochain
mouvement. »
Il y a bien d’autres éléments
appréciables dans ce livre qui est avant tout un témoignage plus qu’un ouvrage
de développement personnel : pas d’ésotérisme, de symboles fumeux ;
une simplicité dans l’approche, le ton et pas de dogmes ; la présentation
d’un mode de vie durable et non de la dernière mode agitant les réseaux sociaux.
Katja Pantzar présente les grandes
lignes de cette approche par domaines, tout en soulignant qu’il s’agit avant
tout pour chacun d’évoluer à son rythme et selon ses moyens puisqu’au fond
le sisu invite à développer une attitude par la pratique,
progressivement : ce n’est pas une discipline olympique.
Ce livre intéressant et bien fait
présente un mode de vie qui ne choquera pas autant les Européens que ne le fut
Katja après une vie américaine ; il donne des pistes à qui veut vivre
mieux, concrètement et avec bienveillance.
Ce livre m’a
été transmis par l’éditeur