Le livre de Gould (roman en douze poissons) – Richard Flanagan


Le livre de Gould – Richard Flanagan
Le livre de Gould – Richard Flanagan
Babel, 2016, 440 pages
Traduction de Delphine et Jean-Louis Chevalier


Par un matin d'hiver, le faussaire australien Sid Hammet découvre dans une brocante un vieux manuscrit illustré d'une douzaine d'aquarelles de poissons. L’histoire est celle de William Buelow Gould, un peintre forçat incarcéré au XIXe siècle sur l'île Sarah, ancienne colonie pénitentiaire de la Terre de Van Diemen aujourd'hui appelée Tasmanie. Dans son journal de bagnard, celui-ci relate les événements extraordinaires dont il aurait été témoin au moment où l'île Sarah, sous l'égide d'un Napoléon des mers du Sud à l'imagination démente, a cru pouvoir, d'île-prison qu'elle était, s'élever au rang de nation capable de rivaliser avec l'Europe.


Dans ce livre génial, Richard Flanagan déploie à la fois un style flamboyant et une histoire multi-couches aux significations plus profondes qu’il n’y paraît. En effet, Flanagan écrit ici un roman aux accents historique et politique sur la Tasmanie. Il convoque les grandes lignes de son histoire, de l’extermination des indigènes par les colons britanniques à sa transformation en prison, puisque c’est là que les bagnards britanniques étaient envoyés purger leurs peines.

Au-delà du fond, c’est un vrai plaisir de lecture grâce au talent narratif hors pair de l’auteur. Foisonnant, audacieux et inventif, ce roman nous transporte dans l’univers délirant d’un narrateur plus que douteux. La verve de Flanagan est admirablement traduite, le style tragi-comique nous fait vivre des montagnes russes émotionnelles ; on se régale des pistes brouillées par Gould jusqu’à un finale un peu déroutant tant la folie du narrateur y atteint son paroxysme.

A découvrir.