L’Affaire Collini – Ferdinand Von
Schirach
(Der Fall Collini, 2011)
Folio, 2015,192
pages
Traduction
de Pierre Malherbet
Hans
Meyer, personnalité de la haute société allemande, est assassiné dans sa
chambre d’hôtel à Berlin. Le jeune Caspar Leinen est commis d’office pour
assurer la défense de l’assassin présumé.
Collini
assume son geste mais il est mutique quant à son mobile. En face de Leinen,
c’est un ténor du barreau qui représente la partie civile.
Le procès
arrive et Caspar qui a tout tenté y compris de se faire retirer l’affaire (pour
une raison qui rajoute un intérêt à l’histoire) n’a pas vraiment de stratégie.
Comme dans
les nouvelles de Von Schirach, l’intrigue détaille les questions de procédures et
le style est dépouillé.
Ce qui
change des nouvelles, c’est que l’auteur peut développer les
« sous-histoires » et raconter en détails comment chacune vient
nourrir l’autre. On apprend aussi mieux à connaître les personnages et plus
particulièrement notre jeune avocat.
Le rythme
plutôt lent joue un rôle stimulant : entre attente contenue et désir de
savoir comment les choses vont se dénouer, le lecteur se laisse prendre par une
sorte de suspense. Cela devient d’autant plus marqué une fois que le procès est
lancé. Cependant, il serait dommage de négliger la partie le précédant ;
comme déjà indiqué, c’est cette montée de tension qui place le lecteur dans les
dispositions adéquates pour apprécier pleinement le déroulé du procès.
L’aspect
procédurier pourra tenir à distance les lecteurs les moins portés sur les
questions juridiques mais l’histoire donne la part belle à tout ce qui entoure
justement le fonctionnement de la justice, ce qui n’est pas toujours possible
avec les nouvelles.
Il s’avère
que L’affaire Collini a eu un impact
déterminant en Allemagne. Je ne suis pas sûre qu’il faille le lire uniquement
pour cela mais cette conséquence rajoute évidemment une dimension à ce livre.
Ce court
roman sait y faire pour capter notre attention et il est difficile à reposer
avant la fin (je l’ai lu d’une traite et j’ai eu envie de tout reprendre au
début dans la foulée).