Grasset, 2005, 210 pages
Je suis sortie sur le seuil.
New York.
Lors d’un après-midi caniculaire, l’électricité lâche dans toute la ville.
Naomi, prostituée enfermée dans un bar avec la mystérieuse Bijou, Simon, avocat
médiatique coincé dans son bureau du 36ème étage et Canal, l’orphelin
qui ne sort jamais de la boutique de son père adoptif et patron autoritaire
vont voir le cours de leurs existences changer. Ces
personnages aux univers fermés, et celui de Simon l’est finalement autant que
ceux des autres, sont alors obligés de sortir dans la ville, de se mêler à la
foule, de s’ouvrir au monde.
C’est le
troisième roman de Valérie Tong Cuong que je lis et, à chaque fois, les
personnages sont non pas seulement au cœur du roman, ils sont le roman. Tout passe par eux et ce
sont leurs voix relayées qui portent l’intrigue. C’est d’ailleurs ce qui
attache le lecteur qui fait corps avec ces personnages à peine connus et déjà
si importants à son cœur.
Il faut
ajouter ici une atmosphère particulière, très bien rendue. Certes le contexte
américain n’est pas complètement réussi dans le sens où je n’ai pas été
convaincue que New York s’imposait, n’importe quelle grande ville aurait fait l’affaire.
Cependant, on voit très bien les files de gens convergeant vers le pont, on
imagine les conducteurs bloqués, on a aussi chaud que les personnages, le
crépuscule nous enveloppe.
Quel est le
passé de Naomi ? Et le secret de Bijou ? Comment Canal réagira-t-il à
la liberté ? Et Simon, comment vivra-t-il cette descente parmi le commun
des mortels ?
On suit
avec un intérêt grandissant la convergence de ces destins en espérant que tout
finira bien pour chacun d’entre eux.
Subtil, bien
construit et engageant, ce roman est à découvrir.
En attendant ce jour, nous marchons côte à côte dans la
ville, en silence.