(Herejes,
2013)
Points, 2016, 716 pages
Traduction d’Elena
Zayas
Disparu dans le port de La Havane en 1939, un Rembrandt est
repéré dans une vente aux enchères à Londres.
En trois parties, le roman de Leonardo Padura nous entraîne
sur sa trace et nous raconte des destins entremêlés d’étrange façon. C’est d’abord
Elias Kaminsky qui vient à Cuba demander à Mario Conde de retrouver ce tableau
ayant appartenu à sa famille jusqu’à sa disparition en 1939. Puis nous sommes
plongés dans l’Amsterdam de Rembrandt avant de revenir au XXIème siècle à La
Havane pour ce qui semble être une histoire sans lien apparent avec la
peinture.
> Ce roman est incroyablement foisonnant. Padura ne fait pas que nous
raconter l’histoire de ce tableau mais nous propose une plongée dans l’histoire
et la vie de son île. C’est à la fois passionnant et un brin trop détaillé. Si
on s’intéresse avant tout à l’énigme du tableau disparu, on est vite gêné par
les descriptions en profondeur de tout un univers à la fois au cœur et à la
périphérie de ce mystère.
A partir du point de départ, Padura tisse une toile étendue
dans laquelle on peut finir par se perdre ou tout du moins qui nous submerge un
peu. Pourtant, c’est ce qui donne une valeur supérieure à ce roman ; le
projet est ambitieux et le résultat presque à la hauteur. « Presque »
parce qu’on a le sentiment que cela aurait bien fait deux romans.
> L’histoire
est trop riche : à la fin de la première partie, on a le sentiment de n’avoir
pas avancé d’un iota et les pistes prometteuses sont abandonnées pour passer à
tout autre chose.
La seconde partie est une histoire à part entière. Quant à la
troisième, elle est décevante. Padura plante des indices gros comme des maisons
et Mario Conde ne voit rien : ça laisse songeur. Au lieu de suivre les
pistes qui se voient comme le nez au milieu de la figure, Conde se renseigne en
détail sur des choses qui n’ont pas de grand intérêt pour l’enquête mais qui,
encore une fois, sont l’occasion pour l’auteur de dresser un tableau de la
jeunesse de l’île, son état d’esprit, ses désillusions. Là encore, c’est
intéressant mais trop détaillé et éloigné du sujet principal pour ne pas
agacer.
En outre, la fin est trop ouverte, sans vraie réponse et c’est
frustrant.
Finalement Hérétiques
est un grand roman, fort bien écrit, riche mais aussi un brin indigeste dont on
ressort avec le vertige et un fatras d’informations en vrac dans la tête.
Dommage.
Un autre avis.