(A Constellation of Vital Phenomena, 2013)
Livre de poche, 2015,
550 pages
Traduction de
Dominique Defert
En 2004, dans un
village de Tchétchénie, Havaa, huit ans, cachée dans les bois, voit des soldats
russes emmener son père et brûler leur maison. Akhmed, voisin et ami de la
famille, observe lui aussi la scène. Il décide de mettre Havaa à l’abri dans un
hôpital abandonné où il ne reste qu’une chirurgienne russe au bout du rouleau,
Sonja.
Le récit va et
vient sur une frise chronologique entre 1994 et 2004, englobant ainsi les deux
guerres de Tchétchénie. On apprend par bribes l’histoire de chaque personnage.
Havaa est
désormais orpheline ; la femme d’Akhmed est alitée depuis la première
guerre ; Sonja espère retrouver sa sœur Natasha. Kassan édite
inlassablement son histoire de la Tchétchénie mais n’adresse plus la parole à
son fils Ramzan depuis que ce dernier est devenu l’informateur des Russes.
Le récit éclaté
recréé le chaos de ces vies dont les cours ont été bouleversés par la guerre.
On s’y retrouve toujours mais il faut savoir passer de l’un à l’autre, d’une
époque à une autre et c’est parfois un peu usant. Par ailleurs, il est
difficile de s’attacher aux personnages, de se préoccuper réellement de leurs
destins : non seulement on a le sentiment que tout a été écrit d’avance
mais, en prime, ces gens n’arrivent pas à prendre une dimension multiple, à
occuper pleinement l’espace de la narration, comme des figurants peu convaincus
et peu convaincants.
Globalement, l’histoire
est terne et plombante. On n’espère rien de positif : c’est sans espoir
pour ces gens-là. Sur 550 pages, l’auteur nous livre essentiellement un récit
de l’horreur de la guerre, de la perte. Qu’elle se déroule en Tchétchénie ou
ailleurs, la guerre a toujours le même visage.
Pourtant, la
conclusion est belle et surtout satisfaisante alors qu’on pouvait craindre un
finale abrupt. Des fils se rejoignent, des anecdotes dont on n’espérait pas
connaître le fin mot nous livrent leurs secrets. Il y a une sorte d’apaisement
qui est offert aussi bien aux personnages qu’au lecteur.
La vie est une
constellation de phénomènes vitaux et Anthony Marra en donne une approche intéressante même si la lecture est parfois aride.
Ce livre a été lu dans le cadre du jury des lecteurs du
Livre de poche.