Qui je suis – Charlotte Rampling & Christophe Bataille
Grasset, 2015, 120 pages
Ce
court texte est indéfinissable : ni biographie, ni tout à fait récit, il
se déroule en petites touches discrètes, en ébauches ; c’est du
pointillisme textuel accompagné de photos personnelles de Charlotte Rampling.
Au
début, c’est surtout la voix de Christophe Bataille qui s’exprime. L’auteur
raconte ses démarches pour apprivoiser l’actrice insaisissable, pour arriver à
nouer « un pacte ». Ce n’est pas qu’elle joue à la diva mais elle est
discrète, réservée, ne veut pas trop en dire ni rien promettre.
Puis la
voix de Charlotte Rampling devient plus présente jusqu’à prendre toute la
place, celle qui lui revient.
On
comprend à travers ce texte le travail de Bataille pour amener Rampling à
partager des souvenirs, à s’ouvrir tout en restant cachée. On devine la
complicité qui s’est finalement nouée entre les deux.
« Il faudrait une liste des jours heureux. »
La mère
de Rampling était, selon les mots de l’actrice, « une héroïne de roman [fitzgeraldien]. »
Son père fut champion olympique aux jeux de Berlin et colonel dans l’armée
britannique.
C’est
un texte pudique qui dit les bonheurs mais aussi les blessures, avec poésie et
un art de l’esquive délicat. Les silences y sont plus parlants que les mots. On
y retrouve l’élégance de l’actrice, la réserve anglo-saxonne mais aussi une
émotion contenue quand elle évoque sa sœur trop tôt disparue.
Tout
cela est raconté avec réserve, comme si Rampling risquait de se briser en étant
plus directe.
C’est
un très beau livre qui donne des frissons et qui dit la douleur avec une
douceur presque insupportable.
Ce livre m’a été transmis par
l’éditeur via NetGalley.