A la mesure de nos silences – Sophie Loubière
Fleuve Éditions, 2015, 304 pages
Antoine file du
mauvais coton et pourrait bien rater son bac. Alerté, son grand-père, François,
décide de l’embarquer plus ou moins de force à bord de sa voiture de collection
pour une balade particulière. Le temps d’un week-end, François revisitera son
enfance passée dans une petite ville du Sud-Ouest où se joua un drame méconnu
au cours de la Seconde Guerre mondiale ; il se confrontera à ses démons tout
en essayant de sauver son petit-fils avec lequel il a fait un marché dont le
plus jeune ne soupçonne pas le poids.
Ce roman joue
sur deux plans : les relations
familiales et plus particulièrement celle d’un grand-père et de son
petit-fils et le passé à la fois personnel et historique. Si c’est ce second
aspect qui m’a conduite vers ce roman, c’est le premier qui m’a le plus
convaincue.
> Le tandem
Antoine / François est très bien rendu et le langage courant (mais pas
familier) sonne juste. Chaque personnage est crédible et leurs rapports
correspondent bien à la réalité courante entre générations. L’évolution de leur
relation est également bien orchestrée. Les autres membres de la famille, bien
que n’apparaissant que de façon sporadique, participent à nourrir ce récit ;
l’amatrice d’histoires familiales que je suis aurait parfois voulu en savoir
plus sur chacun d’eux mais cela aurait été totalement hors-sujet. Cela dit, c’est
la preuve que ces êtres, aussi fictifs soient-ils, ont des personnalités qui
suscitent l’intérêt.
> L’aspect
historique est malheureusement moins convaincant, du moins pour qui a lu l’excellente
enquête de Louise L. Lambrics et de Mirko Grmek sur la révolte des Croates.
S’il est évident qu’un roman n’a pas la même ambition qu’une enquête
historique, ceux qui ont lu l’ouvrage précédemment évoqué seront souvent
frustrés. En effet, le propos est parfois brouillon pour un résultat manquant
de cohérence. Une personne ne connaissant pas le déroulé des faits pourrait
bien rester perplexe par moment en essayant de reconstituer la chronologie.
Cependant, ceux
qui on lu Les révoltés de Villefranche reconnaîtront quelques faits impliquant des habitants (y compris une scène avec
deux adolescents).
On ne peut qu’espérer
que la lecture de ce roman donnera envie aux personnes qui découvrent cet
épisode unique de se renseigner plus en avant.
En définitive, c’est
une lecture très accessible, à la structure narrative propre et efficace. Le
lecteur qui recherche une expérience légère avec néanmoins un fonds dramatique
(c’est possible) trouvera son compte avec ce roman. Cependant, il ne faut pas
lui en demander plus.
Ce livre m’a été transmis par l’éditeur.
* Petite note personnelle : le parc mémorial est très bien
indiqué en arrivant par l’accès choisi par François contrairement à ce qui est
présenté dans le roman.