The Circle – Dave Eggers
Penguin Books, 2014, 491
pages
(VF : Le Cercle, 2016, Gallimard)
L’entreprise Le Cercle contrôle tout, c’est-à-dire toute votre activité sur Internet
qu’elle conserve dans un endroit visible et sécurisé. Elle est de fait
l’entreprise la plus puissante et influente au monde. Ainsi, quand Mae Holland
est embauchée et fait ses premiers pas sur le campus californien de
l’entreprise, elle sait qu’elle a réussi. Cependant, plus elle s’intègre au Cercle, plus elle découvre la vérité sinistre qui est au cœur de l’organisation, un système qui a pour principale ambition de remodeler le monde à son image.
Ce livre cumule au moins deux atouts : une histoire palpitante et la mise en avant de questions de société actuelles, cela de façon franche et subtile. Il n'est pas nécessaire de se passionner pour les nouvelles technologies et les gadgets qui inondent la société de consommation dans laquelle nous vivons pour trouver un intérêt au livre. Car, même le lecteur modérément impliqué dans ce système ne pourra que se sentir concerné à un moment ou un autre.
Le roman se focalise sur le phénomène des réseaux notamment et de tous les objets connectés qui font que notre vie privée n'est plus si privée que cela, y compris quand on le voudrait (et c'est cette nuance qui est intéressante). Il fait réfléchir à nos comportements et nous fait prendre conscience de la prise d’otage volontaire dont nous avons fini par être victimes (je pense surtout aux utilisateurs de F*cebook - dont je ne fais pas partie mais j'ai d'autres vices).
Mae
est un personnage auquel il est facile de s’identifier : c'est son premier vrai emploi et elle est excitée à
l’idée de travailler pour une entreprise renommée ; elle est motivée pour
apprendre et évoluer mais est également surprise par des requêtes bizarres. On
lui fait comprendre que travailler au Cercle, c’est aussi être partie prenante
d’une communauté (le mot est dit) et donc de participer à toutes sortes
d’activités ainsi que d’avoir un certain comportement. Les différentes étapes
qui conduisent Mae à entrer de plus en plus dans ce cercle vicieux sont très
intéressantes à suivre. On assiste, en parallèle, à la mise en oeuvre des ambitions de l’entreprise
qui a trouvé en Mae une représentante idéale.
Dave
Eggers réalise un excellent travail pour démontrer que la technologie n’est pas un
mal en soi : c’est l’usage que nous en faisons qui finit par être effrayant. Ce
n’est pas une révélation mais à chaque époque ses nouvelles techniques et donc
ses nouvelles possibilités. Nous sommes ici bien moins éloignés de la SF que
des romans datant d’il y a plusieurs décennies et traitant de sujets assez
proches. Dans cette histoire, il s’agit purement et simplement de contrôler les
gens intégralement, 24/24, 7/7 mais cela est présenté de façon modérée afin de
convaincre chacun que tout cela est naturel voire excitant.
L’auteur
souligne également la question des limites de la technologie. C’est une source
de frustration mais ces limites sont l’occasion pour chacun de nous de savoir
s’arrêter à temps. Ce choix nous appartient et il est profondément relié au
monde dans lequel nous souhaitons vivre.
Je recommande vivement ce livre en espérant que sa traduction française sera disponible le plus vite possible.