Failles – Charles Juliet

éditions Jacques Brémond, 1995


Recueil de quatre nouvelles dans lequel on retrouve non seulement la vision du monde de l’auteur mais aussi des correspondances avec ses Journaux (des exemples qu’il a transposé en fictions en quelque sorte). En ce sens, ce recueil sera d’autant plus apprécié que l’on connaît l’auteur, sa quête, ses interrogations. Par exemple, quand il utilise le terme de « centre », on comprend précisément à quoi il fait référence si on a lu le second volume de son Journal notamment. Mais le lecteur qui a fait l’impasse devrait pouvoir comprendre globalement pour peu qu’il soit lui aussi engagé ou du moins intéressé par une quête de soi.
En effet, ces quatre textes mettent en valeur les failles que certains peuvent porter en eux et qui se révèlent de différentes manières. Ils soulignent également, plus que le cheminement intérieur (à l’exception de la dernière nouvelle), le regard que portent les autres sur cette sorte d’accroc dans notre personne, cette faille qui se retrouve exposée en plein jour et qui dérange.


La première nouvelle (Un matin) est particulièrement bien construite. On y retrouve la sensibilité à l’autre de Juliet, son absence de jugement hâtif notamment envers ceux qui vivent différemment. 

Le second texte (La refusée) me semblait prometteur mais je ne lui ai rien trouvé qui le distingue (ma référence étant les écrits de Juliet, pas la littérature en général). 

Dans un écrin, troisième texte, reprend un thème que l’on retrouve dans les journaux de l’auteur, à savoir une dénonciation de ceux qui méprisent ce qu’ils ne connaissent pas et dont ils ont peur. Ce qui marque le plus dans cette nouvelle, c’est son style maîtrisé, effacé, la technique laissant la place au résultat littéraire. 

Enfin, la quatrième nouvelle (Le déclic) fait elle aussi écho à certaines histoires que Juliet raconte dans ses journaux. Si le fond m'a concernée, la forme m’a semblé un peu trop travaillée et argumentative.

Dans l’ensemble, c’est un excellent recueil qui est un bon parallèle entre l’œuvre non fictionnelle et l’œuvre fictionnelle de l’auteur.