éditions Jacques Brémond, 1995
Recueil de quatre nouvelles dans lequel on retrouve non seulement la vision
du monde de l’auteur mais aussi des correspondances avec ses Journaux (des
exemples qu’il a transposé en fictions en quelque sorte). En ce sens, ce
recueil sera d’autant plus apprécié que l’on connaît l’auteur, sa quête, ses
interrogations. Par exemple, quand il utilise le terme de « centre »,
on comprend précisément à quoi il fait référence si on a lu le second volume de
son Journal notamment. Mais le lecteur qui a fait l’impasse devrait pouvoir
comprendre globalement pour peu qu’il soit lui aussi engagé ou du
moins intéressé par une quête de soi.
En effet, ces quatre textes mettent en valeur les failles que certains
peuvent porter en eux et qui se révèlent de différentes manières. Ils
soulignent également, plus que le cheminement intérieur (à l’exception de la
dernière nouvelle), le regard que portent les autres sur cette sorte d’accroc
dans notre personne, cette faille qui se retrouve exposée en plein jour et qui
dérange.
La première nouvelle (Un matin) est particulièrement bien construite. On y
retrouve la sensibilité à l’autre de Juliet, son absence de jugement hâtif
notamment envers ceux qui vivent différemment.
Le second texte (La refusée) me
semblait prometteur mais je ne lui ai rien trouvé qui le distingue (ma
référence étant les écrits de Juliet, pas la littérature en général).
Dans un écrin, troisième texte, reprend un thème que l’on
retrouve dans les journaux de l’auteur, à savoir une dénonciation de ceux qui
méprisent ce qu’ils ne connaissent pas et dont ils ont peur. Ce qui marque le plus dans cette nouvelle,
c’est son style maîtrisé, effacé, la technique laissant la place au résultat
littéraire.
Enfin, la quatrième nouvelle (Le déclic) fait elle aussi écho à certaines
histoires que Juliet raconte dans ses journaux. Si le fond m'a concernée, la forme m’a semblé un peu trop
travaillée et argumentative.
Dans l’ensemble, c’est un excellent recueil qui est un bon parallèle entre l’œuvre
non fictionnelle et l’œuvre fictionnelle de l’auteur.