Ce titre est celui d’une collection d’Actes Sud Junior. Cette dernière présente sa ligne éditoriale comme suit : « Depuis toujours, il y a eu dans le monde des hommes et des femmes qui ont su dire non à ce qui leur paraissait inaccceptable… ».
Chaque ouvrage est considéré comme un « Roman historique ». En effet, si chaque livre s’attache à une personne ayant existé et à des faits ayant réellement eu lieu, l’auteur de l’ouvrage recréé un contexte, une atmosphère, bref présente l’Histoire sous une forme romancée, non dans le sens « manipulée » (sur le fond), mais plutôt en matière d’écriture, de présentation.
Chaque ouvrage est considéré comme un « Roman historique ». En effet, si chaque livre s’attache à une personne ayant existé et à des faits ayant réellement eu lieu, l’auteur de l’ouvrage recréé un contexte, une atmosphère, bref présente l’Histoire sous une forme romancée, non dans le sens « manipulée » (sur le fond), mais plutôt en matière d’écriture, de présentation.
Ainsi, il s’agit, pour un auteur, d’évoquer une figure de la résistance (au sens large du terme), une personne qui a refusé quelque chose, d’où non seulement le titre de la collection mais aussi les titres des livres.
Actes Sud Junior, 2012, 96 pages
Dès 12 ans
Dès 12 ans
Ce texte fait revivre une journaliste qui croyait au pouvoir des mots (et étant donné qu’elle fut assassinée parce qu’elle dérangeait le pouvoir en place, on peut estimer qu’elle avait raison). Déjà, à l’université, à la fin des années 70, Anna choisit d’écrire et de présenter un mémoire sur Marina Tsetaeva, poétesse peu prisée par le régime communiste. Une fois journaliste, elle « écrit sur l’envers du décor » (début de la période Eltsine), puis trouve chaussure à son pied avec ce qui est alors un petit journal indépendant : Novaïa Gazeta. Nous sommes en 1999. A partir du moment où Eltsine choisit Poutine comme premier ministre, ce qui a précédé ressemble à une partie de marelle dans une cour de récréation.
Au-delà de la militante, l’auteur s’attache à dépeindre la femme ; cela apporte de grandes bouffées d’oxygène dans un récit si sombre. C’est aussi ce qui rend l’assassinat d’Anna Politkovskaïa encore plus difficile à supporter.
Dominique Conil évoque également la mauvaise information des Russes car, si les media sont supposés être indépendants, ce n’est plus le cas depuis que Poutine est au pouvoir : « Ce que l’on ne montre pas n’existe pas. » (dixit l’homme au regard de tueur). Mais les Russes sont aussi coupables volontairement ; ils rêvent de retrouver la « Grande Russie ». C’est ainsi que Poutine, « un homme qui ne se laisse pas faire », devient le nouveau héros des Russes (ce qui laisse à penser qu’en matière politique, le peuple russe a toujours été mal inspiré).
L’ouvrage est complet et très bien conçu. L’auteur parle notamment des Russes qui se sont opposés au pouvoir en place à diverses époques, ainsi que de la situation actuelle en Russie.
Dominique Conil élargit ensuite son propos aux résistants dans d’autres pays non démocratiques ou apparemment paisibles mais gangrenés par des pouvoirs souterrains (cf Saviano et son ouvrage sur la Camorra). Suit une chronologie de la période évoquée dans l’histoire racontée puis une section « pour aller plus loin ». Le livre se termine sur une série de photos.
oOo
Actes Sud Junior, 2013, 96 pages
Toute personne ayant étudié l’allemand à l’école a entendu parler du mouvement de résistance regroupant des étudiants et un professeur munichois die Weiße Rose (la Rose blanche), grâce au livre du même nom écrit par Inge Scholl. Elle y évoque son frère Hans et sa sœur Sophie, tous deux membres (et fondateur pour Hans) de die Weiße Rose. C’est sur Sophie que Jean-Claude Mourlevat a choisi de se focaliser dans ce « roman historique ». Il se déroule de la fin janvier 1943 où l’on suit Sophie diffusant des tracts la nuit, au 22 février 1943, jour de l’exécution de Sophie, Hans et d’un autre membre du groupe.
Je vous renvoie à cette interview pour tout savoir du livre. Je ne pourrais que paraphraser les propos de l’auteur.
Malheureusement, il semble que la fiction prenne souvent le pas sur la réalité historique, notamment en ce qui concerne les propos des personnages ou encore leurs sentiments (par exemple : l’auteur déclare que juste avant d’être exécutée, Sophie n’avait pas peur, ce que personne ne peut savoir. Certes, il se permet d’extrapoler à partir de l’idée qu’il se fait de Sophie, mais l’aspect déclaratif de son propos : « Elle n’a pas peur. » est gênant).
Le livre présente également d’autres groupes de jeunes résistants en Allemagne nazie. Il est vrai que c’est un aspect de l’Histoire que l’on évoque rarement, comme si tous les Allemands avaient été des nazis (et tous les Français des résistants…).
Comme dans le livre dédié à Anna Politkovskaïa, la suite du livre élargit le propos mais j’ai été moins convaincue cette fois. En effet, le livre a un aspect « jeunesse » très marqué car l’auteur adopte une attitude pédagogique. S’il est vrai que les mouvements de résistance aux dictatures déclarées ou autres régimes autoritaires (« La Russie actuelle réprime toute forme de contestation. ») sont souvent à l’initiative de la jeunesse, il m’a semblé que l’auteur en faisait un peu trop pour dire combien les jeunes étaient en première ligne, y compris quand il s’agissait de se faire manipuler. Ce dernier point aussi juste soit-il a un côté « digression didactique » qui connote trop ce livre en tant qu’outil pédagogique (les toutes dernières remarques vont également dans le sens d’un cours de civisme).
Le mémorial Scholl, si beau dans son dépouillement et sa signification.