La mort programmée de l'école
Folio documents, 2006, 208 pages
Nos enfants ne savent plus lire, ni
compter, ni penser. Le constat est terrible et ses causes moins
obscures qu'on ne veut bien le dire. Un enchaînement de bonnes
intentions mal maîtrisées et de calculs intéressés a délité en
une trentaine d'années ce qui fut l'un des meilleurs systèmes
éducatifs au monde. Faut-il incriminer les politiques, les profs,
les parents, les syndicats, les programmes ? En tout cas, la Nouvelle
Pédagogie a fait ses « preuves » : l'école a cessé
d'être le moteur d'un ascenseur social défaillant. Ceux qui sont
nés dans la rue, désormais, y restent. Dès lors, que faire ?
Aujourd'hui les
connaissances et leurs transmissions sont complètement méprisées
et seule règne la pédagogie, coquille vide d'attitudes et de
discours sensés cacher une absence de fond criante. On ne permet pas
aux élèves d'accéder à la culture, de sortir de milieux familiaux
parfois défavorisés. Au contraire, on les complaît dans leur
ignorance en leur faisant croire qu'ils savent déjà beaucoup et que
leurs propos ont autant de valeur que ceux du professeur qui, dans
ces circonstances, perd tout crédit. D'ailleurs, étant donné la
formation (c'est un bien grand mot) qu'on lui
propose, on voit mal comment un professeur a les moyens de faire classe.
Brighelli revient sur le vocabulaire à la mode dans l'Education Nationale, vocabulaire témoignant d'une volonté ridicule de rejeter le passé
sous couvert de technicisme. Par exemple, une leçon s'appelle
aujourd'hui une trace écrite. En
soi, ce changement de terminologie n'a l'air de rien. Pourtant, si
vous utilisez le premier terme en lieu et place du second, estimant
que votre interlocuteur vous comprendra de toute façon, vous vous
trompez lourdement. Certes, vous serez compris, mais vous serez
également repris aussitôt (j'ai testé pour vous).
L'analyse de Brighelli est très juste ; je peux malheureusement en témoigner. Comme la plupart des personnes qui critiquent sévèrement leur sujet, Brighelli est attaché à l'école et c'est pour cela qu'il dit les choses telles qu'elles sont : ne nous trompons pas de cible.
A lire, même si on a des enfants
scolarisés, quitte à se faire des frayeurs. C'est encore la meilleure façon de les aider bien que tous les professeurs ne méritent pas d'être mal considérés voire méprisés, bien au contraire.