La soirée de Mrs Dalloway – Virginia Woolf
(Mrs Dalloway’s Party, 1923-1925)
Les
Allusifs, 2014, 80 pages
Traduction
de Nancy Huston
Ecrites à l’époque de Mrs Dalloway et rassemblées en 1973 par Stella McNichol, ces sept
nouvelles ont pour objet « la conscience de soirée », autrement dit
ce qui se passe dans la tête d’invités à une réception. Le sujet est tellement
éloigné de moi que si ce n’était pas de Woolf, je n’y aurai même pas accordé
une seconde d’attention. Cependant, je bute sur Mrs Dalloway depuis des années et j’avais envie de tester une autre
approche.
Force est de constater que ce que j’ai préféré
dans ce recueil, c’est l’introduction de Nancy Huston, dont la traduction est
également très bonne (j’ai lu jusqu’au bout, pour la première fois de ma vie,
des écrits de Woolf en traduction : ce n’est pas rien).
Huston rappelle que Woolf avait lu Ulysse en 1920 alors qu’elle avait déjà
le projet d’écrire Mrs Dalloway et qu’elle
avait détesté (pour ceux qui ne seraient familiers avec ces deux œuvres, les
deux romans sont des « récits des
pérégrinations d’un individu à travers une ville au cours d’une seulet et même
journée, promenade à la faveur de laquelle ses pensées et souvenirs tisseront
une tapisserie verbale, riche et colorée. »). Je n’en suis pas étonnée
car si Woolf est moderne sur la forme, je la trouve timorée à côté de Joyce et,
surtout, peu moderne sur le fond.
Ces textes, bien que très bons sur la forme, ne m’ont
pas tout à fait convaincue sur le fond, notamment parce que la technique de
Woolf du monologue intérieur, la fluidité des pensées qu’elle retrace avec un
art consommé ne m’a pas paru adaptée à la forme courte. On a souvent le
sentiment que la fin est trop abrupte, que la scène aurait pu se poursuivre ou
se transformer. On garde un goût d’inachevé, de trop peu et les liens entre
chaque nouvelle sont trop ténus pour donner une idée d’ensemble. Peut-être
profite-t-on mieux de ces textes quand on a lu Mrs Dalloway.
Cette lecture n’a pas ravivé mon envie de lire ce roman mais peut-être bien relire La promenade au phare ou Les vagues.
En tout état de cause, je ne recommande pas ce
recueil comme porte d’entrée de l’œuvre de Woolf.