Grief is the Thing With Feathers – Max Porter
Faber & Faber, 2015, 114 pages
(VF : La douleur porte un costume de plumes, Seuil)
Londres. Deux jeunes enfants et leur père viennent
de perdre leur mère / épouse. Rongés par le désespoir, ils reçoivent la visite
de Corbeau (Crow). Corbeau s’installe, fait comme chez lui, envahit le trio ;
l’oiseau menace de rester jusqu’à ce que la famille n’ait plus besoin de lui.
En dépit d’un sujet difficile, l’histoire se lit
facilement. Sa forme de fable permet au lecteur de pénétrer sur un champ de
mines sans être complètement écrasé par le contexte.
Le texte alterne les voix de Corbeau, du père et
des garçons pour dire la peine (de très belles pages sur le chagrin, la douleur
qui rend fou), l’espoir que tout ceci n’est qu’un mauvais rêve, la folie qui
guette mais aussi un début d’apaisement.
La forme
n’est pas toujours aisée à suivre et difficile à décrire aussi : mélange
de genres, onomatopées, narration pas particulièrement chronologique, etc. L’auteur
multiplie les effets rhétoriques et c’est parfois déstabilisant. Cependant, le
fond reste compréhensible et Max Porter ne se livre pas à un exercice de style
vain. C’est d’ailleurs un texte qui bouscule par son incroyable justesse.
Probablement le livre le plus original que j’ai lu
cette année, Grief is the Thing With
Feathers déploie un imaginaire riche,
à relier à l’œuvre de Ted Hughes (que je ne connais absolument pas) mais tout à
fait compréhensible pour tous à un premier niveau de lecture.
C’est une
novella étonnante pour ne pas dire déroutante, à la fois triste et
amusante. Pour une première publication, c’est remarquable. On espère que Max
Porter récidivera : j’attends la suite avec impatience.