Pardonnable, impardonnable – Valérie Tong Cuong
JC Lattès, 2015, 300 pages
(à paraître chez J’ai Lu au printemps 2016)
Alors qu’il était supposé réviser ses cours d’histoire avec sa jeune tante Marguerite, Milo a un grave accident de vélo. Au premier abord, alors que la colère domine, Marguerite apparaît naturellement comme coupable. Mais tandis que Milo lutte à l’hôpital, les trahisons et secrets qui plombent les relations au sein de la famille refont surface et les culpabilités se redistribuent. A la colère succèdera la haine, la vengeance, l’amertume puis le pardon. Peut-on tout pardonner ? Comment pardonner ? Ce texte retrace l’histoire d’une reconstruction : pour Milo et pour sa famille.
Si le premier tiers manque un peu d’éclat, on finit par embarquer totalement dans ce roman qui dit la difficulté à trouver sa place dans une famille, les chagrins enfouis, les relations biaisées ; un roman qui parle d’amour surtout et qui s’avère finalement lumineux.
> La construction est maîtrisée, impeccable, d’une grande efficacité. Cela contribue à retourner le lecteur comme une crêpe ; il est impossible de résister (j’ai essayé). Si le début a mis du temps à me convaincre, j’ai lu le reste d’une traite, incapable de laisser ces personnages avant de connaître leurs destins et les secrets de leurs cœurs.
> Au-delà de la technique narrative, les personnages sont un gros point fort de ce roman. Ils sont crédibles, attachants (sauf, en ce qui me concerne, Jeanne que j’ai détestée jusqu’au bout) et inoubliables. Ils vivent encore en moi comme si je venais tout juste de finir ma lecture. Marguerite, Céleste et Lino (les parents de Milo), Jeanne (la mère de Marguerite et Céleste) prennent la parole à tour de rôle, donnent leur version des faits mettant ainsi à jour les malentendus divers existant entre chacun, parfois depuis longtemps. J’ai été particulièrement émue par Marguerite à laquelle je pense encore avec un nœud à l’estomac.
> Les coups de théâtre et retournements de situation s’enchaînent ; cela pourrait paraître trop, peu crédible. De même, résumer l’action de façon détaillée donnerait à penser que c’est un mélodrame. Or Valérie Tong Cuong dose à la perfection les ingrédients. Elle n’en fait pas trop dans les émotions ; le propos est exempt de sensiblerie. En revanche, le regard porté sur les personnages est sensible, équilibré. L’auteur ne cherche pas à dicter au lecteur que penser de chacun ; elle ne charge personne, n’excuse personne non plus ; on ne repart pas avec une leçon gentillette bien empaquetée. C’est aux personnages de faire leur chemin en eux et vers les autres ; c’est au lecteur d’être capable d’empathie.
Les pièges étaient nombreux et l’auteur les a tous évités avec grâce et intelligence. Ce roman sensible et magnifique m’a cueillie alors que je ne m’y attendais pas du tout. Je recommande vivement et en redemande.
Ce livre m’a été lu dans le cadre du jury J’ai Lu – PAGE des libraires (partenariat O n l a l u)
Le site de l'auteur.
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