Claire of the Sea Light – Edwidge
Danticat
Quercus, 2013, 214 pages
(VF : Pour l’amour de
Claire)
La brève et poétique
présentation éditeur est parfaite et je recommande d’ouvrir ce livre sans en
savoir plus que cela :
An enchanted girl goes missing by moonlight
on the shores of a poor fishing town.
As family, friends and even strangers join the search for her,
each remembers a loved one they too have lost.
And the threads of memory bind them:
together,
apart;
the secrets they hold close and the stories that they share,
are like stars reflected in a dark sea
leading her home.
Si vous n’avez rien compris, évitez toutefois
Google Translate et contentez-vous de savoir qu’Ann Patchett qualifie ce livre
de « joyau » et que je suis d’accord avec elle.
La disparition de Claire
n’est qu’une opportunité pour revenir sur diverses histoires de pertes et
d'amour qui touchent et ont touché toute une communauté, qu'il s'agisse de
simples pêcheurs ou de personnes plus ou moins puissantes. D’une certaine
façon, ce roman est construit comme Olive Kitteridge [lien], selon une succession d’histoires reliées entre
elles. Parce qu'Edwidge Danticat entremêle ces histoires avec un art consommé,
elle nous rappelle combien, in fine, pauvre ou riche, jeune ou vieux,
homme ou femme, nous appartenons tous à la communauté des Hommes.
‘ … just like the people she interviewed every week, she was floating through her life, looking for some notion of who she was, ….’
La prose de Danticat est enchanteresse (rappel : j’ai lu le livre en
VO ; je ne m’engage pas quant à la traduction). L’auteur décrit avec art
un large spectre d’émotions et le lecteur ne peut s’empêcher de ressentir de
l’empathie pour ces personnages.
Danticat met également en avant des questions majeures comme le
sentiment d’appartenance à une communauté, un pays. Vaut-il mieux rester chez
soi et souffrir de pauvreté ? Vivre dans la crainte de la violence
omniprésente ? Ou partir à la recherche d’une vie plus prometteuse que ce
soit à la capitale ou à l’étranger, cela sans garantie de réussite ?
C’est ainsi qu’est abordé le sujet de la
diaspora : comment rester en contact avec sa culture quand on vit au
loin ?
Sur un
plan culturel justement, l’auteur
plonge le lecteur dans un univers où sont présent le folklore, les légendes,
l’Histoire et le créole haïtien qui puise ses racines dans le français. Le tout
se mêle de façon naturelle et harmonieuse, formant un ensemble cohérent qui
participe grandement à unifier les parcours des uns et des autres.
Alors que la perte et la mort sont omniprésentes,
ce roman dégage pourtant beaucoup de vitalité. Il nous rappelle que la vie et
la mort sont profondément liées, tout comme la réalité et la magie, deux autres
pôles incontournables dans ces histoires.
De même, Danticat va-et-vient entre le passé et le
présent, entre une génération et l’autre mais chaque personnage est invité à
regarder vers le futur, vers l’espoir.
C’est un roman pétri d’humanité et le regard aigu
que l’auteur porte sur l’âme donne envie de découvrir toute son œuvre.