Dernier rapport sur les miracles à Little No Horse – Louise Erdrich
(Last Report on the Miracles at Little No Horse, 2001)
Livre de poche, 2009, 535 pages
Livre de poche, 2009, 535 pages
Traduction d'Isabelle Reinharez
« L’herbe était blanche de givre sur les flancs noyés d’ombre des collines et des fossés de la réserve, mais l’air matinal, adouci par une brise du sud, était presque chaud. »
Le livre est un beau recueil de souvenirs au cœur duquel évoluent des personnages inoubliables et qui donnent à ce roman tout son charme.
Le Père Damien est la pierre angulaire de l’ouvrage. A cause de son secret, mais aussi parce qu’il est un être ouvert et humble souhaitant intimement connaître l’autre, il va nouer des liens particuliers avec la communauté Ojibwé. Sa grandeur d’âme et son empathie donnent le ton et lui permettront de se faire adopter. J’ai retrouvé dans la narration les valeurs humanistes valorisées par Erdrich et découvertes dans Ce qui a dévoré nos cœurs, très beau roman que je conseille.
C’est la vie qui coule dans ces pages. On passe du rire aux craintes. Les passions se déchaînent : mensonge, assassinat, coup de foudre, … Parce que le Père Damien essaie de saisir la culture Ojibwé, nous finissons nous aussi par voir le monde autrement. Ce livre est une grande respiration, une invitation à sortir de nos modes de vie, un chant, aussi, parce que l’écriture véhicule de belles choses sur la vie.
« Qu’est donc la totalité de notre existence sinon le bruit d’un amour effroyable ? »
Il n’en reste pas moins que l’histoire est tortueuse, non seulement parce qu’il y a beaucoup de personnages (une généalogie est disponible en début d’ouvrage) mais aussi parce que les événements contés s’échelonnent sur des décennies. Entre les souvenirs et les questionnements du Père Damien, le rythme s’essouffle parfois.
Enfin, ce que j’apprécie chez Erdrich c’est sa capacité à évoquer et défendre les valeurs des Ojibwés sans pour autant avoir une attitude militante caricaturale. Il y a beaucoup d’amour et de douceur dans son regard et c’est sûrement pour cela que je continuerai à la lire.