La lumière difficile – Tomás González
(La luz difícil, 2012)
Seuil, 2013,
204 pages
Traduction
de Delphine Valentin
Retiré
dans un petit village de Colombie, David, un peintre devenu presque aveugle, se
remémore ses années passées à New York et à Miami, du temps où il s’efforçait
de capter sur la toile l’infinie beauté de la lumière, de son amour pour sa
femme et du jour où son fils Jacobo a décidé de renoncer à la vie pour mettre
fin aux souffrances d’une paraplégie irréversible.
Emprunté
pour sa couverture et son titre énigmatique, ce roman m’a subjuguée. L’écriture
limpide fait passer avec subtilité le quasi-indicible qu’il s’agisse de la
peine, de l’amour, de la difficulté à
capter la lumière avec un pinceau ou de bien d’autres choses impalpables. Le
récit de David est comme une illustration de la proximité entre douceur et
douleur.
Le passé
et le présent alternent, le souvenir des heures anxieuses précédant la fin du
fils paralysé avec la cécité progressive et la vieillesse, et toujours la peinture,
indissociable de la vie.
« Le problème, me semblait-il, n’était pas du
côté lumineux de la lumière ; c’était son autre côté qui m’échappait. »
Les
chapitres sont courts, d’une écriture concise ; le texte est dense en
émotion. Mais il ne s’agit pas de l’émotion sur-jouée, soulignée pesamment ;
c’est incroyablement délicat, tendre, ça vous serre le cœur.
Ce roman sobre, d’une rare justesse est
tellement agréable à lire qu’on bénit la traductrice à chaque page.
« [Les
mots] sont pareils au monde :
vacillants comme une maison en flammes, un buisson ardent. Tout cela sans que
je cesse d’être nostalgique de l’odeur de la peinture à l’huile ou du contact
avec la poussière du fusain, sans que je cesse de regretter le frisson,
comparable à celui de l’amour, qui naît quand on touche l’infini, quand on
capte la lumière fuyante, la lumière difficile, avec un peu d’huile mêlée de
poudre de pierre ou de métal. »
Un roman
auquel il est difficile de rendre hommage quand on n'a pas le talent de l'auteur mais le texte marque au fer rouge : ne passez plus à côté !