La triomphante – Teresa Cremisi
Folio, 2016,
220 pages
« J’ai l’imagination portuaire. »
Livre
acheté par hasard, sans rien savoir de l’autrice, parce que j’ai eu l’intuition
que ça devrait me plaire et que la quatrième (qui reprend un extrait du livre)
m’a séduite. Et je ne suis pas loin du coup de cœur, aussi bien pour le roman
que pour la femme dont il conte le destin.
Quelques
lignes tirées de la quatrième, quatrième qui à mon sens frise la perfection (et
tout lecteur sait combien c’est rare) :
« La
Triomphante est l’histoire d’une enfant d’Orient
rêvant à l’Europe, la cavalcade d’une étrangère dont la seule patrie est la
littérature, l’humour, l’ironie. » Osez résister à ça !
Bien que d’inspiration
autobiographique, ce roman est tout sauf nombriliste, ni même très introspectif ;
Teresa Cremisi est au contraire d’une pudeur exemplaire. C’est l’histoire d’une
enfance en Egypte, d’une amoureuse de la littérature (qui m’aura rappelé
quelques livres ou auteurs que j’ai envisagé de lire à un moment ou un autre
sans l’avoir encore fait – Constantin Cavafis entre autres, que je veux
découvrir depuis ma première lecture du Quatuor
d’Alexandrie, autant dire un bail).
C’est l’histoire
d’une femme qui se veut Française depuis toujours sans jamais l’être tout à
fait, qui se passionne depuis l’enfance pour les faits militaires sans être
belliqueuse pour autant.
« Je suis née à Alexandrie, de l’autre côté de
la Méditerranée. Je n’écris pas aujourd’hui pour exprimer une quelconque
nostalgie. »
C’est une
voix qui vous attrape ; c’est bien écrit sans pour autant que l’on soit
submergé par un style sublime. Une voix qui émeut, peut-être justement parce qu’elle
n’en fait pas trop, ne cherche pas à faire pleurer ; c’est la vie qui se
raconte, une vie à la fois banale et exceptionnelle sur un plan professionnel.
« … l’impression d’échec personnel était
toujours là, très ancrée malgré un succès de façade. »
Certainement
une de mes plus belles lectures de ce début d’année (globalement très bon).