Le retraité – Friedrich Dürrenmatt
(Der
Pensionierte. Fragment eines Kriminalromans)
Editions Zoé, 1996, 109 pages
Traduction et postface d’Etienne Barilier
Fragment d’un roman policier
Ce roman aurait pu être achevé si Dürrenmatt
n’avait pas passé son temps à l’abandonner puis à le reprendre. En effet, il en
aurait débuté la rédaction en 1969 et décéda en 1990. Auparavant puis par la
suite, l’auteur écrivit d’autres romans mettant en scène des policiers et, plus
généralement, traitant de la justice. Bien que comptant seize chapitres, le
tout est fort court et n’est qu’une mise en bouche laissant entr’apercevoir le
projet de l’écrivain.
La postface est vraiment utile pour situer ce texte
au sein de l’œuvre de Dürrenmatt. Etienne Barilier y explique notamment que Le retraité est d’une certaine façon un
condensé de la vision de l’auteur en termes de personnage (le policier), de
sujets de prédilection (la justice,…), etc. En effet, on y trouve des points
communs avec les œuvres antérieures et avec celles qui suivront.
Le livre comporte également une variante du
troisième chapitre qui ne m’a guère convaincue car elle dilue l’intrigue.
L’histoire est celle d’un policier qui, à la
veille de son départ à la retraite, se met à se comporter de façon étrange,
pour ne pas dire contraire à ce que l’on imagine d’un tel personnage. En effet,
il décide d’aller voir les auteurs de délits impunis et de leur démontrer
comment il aurait pu les coincer. Mais il ne compte absolument pas passer à
l’acte à J-1, pire il commet même un cambriolage avec deux d’entre eux, soulignant
au passage leurs erreurs.
La politique n’est pas absente et cela pour mieux
en dénoncer les coulisses.
On devine combien ce roman s’annonçait excellent
et audacieux comme souvent.
Dürrenmatt met généralement en opposition la
justice « officielle » de la véritable ; ici, son personnage,
bien que commissaire, n’a pas toujours voulu arrêter des délinquants communs
quand des personnages hauts placés parlent de morale sans se sentir concernés.
Cette opposition pourrait paraître caricaturale
mais avec Dürrenmatt aux manettes il n’en aurait rien été ; si je ne sais
rien de ses plans au-delà de ce qui nous est offert, je suis au moins sûre de
cela.