Roaring Forties Press, ArtPlace Series, 2005, 147 pages
(Livre non traduit en français)
Comment résister à un livre qui évoque l’écrivain Dorothy Parker et New York ? Dans ce beau livre, l’auteur, fondateur et président de la Dorothy Parker Society of New York (association qui propose des circuits touristiques sur les traces de DP), dresse une biographie centrée sur la vie de Parker à New York.
Ce livre est très intéressant pour qui se passionne pour ce personnage singulier et pour le New York des années 20 aux années 60, voire pour l’Amérique sur cette période. En effet, DP aura connu la prohibition et fréquenté les lieux où l’on pouvait se procurer de l’alcool ; elle aura également été une militante pour les droits civiques (elle lèguera d’ailleurs son patrimoine à Martin Luther King Jr. qui sera assassiné moins d’un an après le décès de Parker). Son implication dans diverses associations lui vaudra d’ailleurs d’être blacklistée au moment de la fameuse « chasse aux sorcières ». Si cette femme à l’esprit mordant a pu paraître à certains comme étant une plaie (elle avait le don de dézinguer une pièce de théâtre ou n’importe quoi / qui en quelques lignes, voire quelques mots), elle aura été fidèle à ses convictions et aura vécu comme elle l’entendait, sans se soucier du qu’en-dira-t-on.
Photos, reproductions, plans, encarts, et diverses façons de présenter le texte font de ce livre un ouvrage agréable à feuilleter. J’aurais simplement une réserve quant aux plans. J’ai bien conscience qu’il s’agit, outre le fait de retracer la vie de Parker, de localiser les endroits qu’elle fréquenta et habita. Cependant, j’ai parfois trouvé la démarche un peu pesante, enlevant de la fluidité au texte. Le chapitre concernant sa carrière en tant que critique théâtrale est exclusivement constitué de vingt-et-une (!) fiches dédiées aux théâtres où elle eut l’occasion d’assister à au moins une pièce.
Néanmoins, et globalement, le livre passe à la loupe les principaux traits intéressants de la vie de Parker : ses relations avec les hommes (jeunes si possible), sa participation assidue à l’Algonquin Round Table (site dédié ici – en anglais) qui regroupait grosso modo des journalistes et des critiques qui aimaient boire et échanger des traits d'esprit, jouer aux langues de vipères, etc. Parker sera également, comme déjà écrit, critique théâtrale et activiste politique, mais aussi scénariste à Hollywood. Ainsi, ce livre dresse un portrait de cette femme qui me semble complet, y compris en ce qui concerne sa vie personnelle (notamment à travers les nombreux logements qu’elle occupa). Il dresse aussi le portrait d’une époque - les remarques sur les évolutions architecturales sont loin d’être inintéressantes - nous permettant de juxtaposer le New York d’hier et d’aujourd’hui.
Cette ballade dans New York et dans la vie de Dorothy Parker est très plaisante en dépit de quelques lourdeurs et il est indéniable que l’aspect « beau livre » joue son rôle dans le plaisir de lecture.