Les Éphémères – Andrew O’Hagan

 

Les Éphémères – Andrew O’Hagan

Les Éphémères – Andrew O’Hagan
(Mayflies, 2020)
Éditions Métailié, 2024, 288 pages
Traduction de Céline Schwaller

 

Écosse, été 1986. Sur fond de thatchérisme sauvage, un groupe de jeunes gars de la classe ouvrière décide de suivre Tully pour fêter la fin du lycée dans un festival de musique mythique à Manchester, la Mecque du punk rock, de la new wave, de la musique qu’on met à fond ! Ce voyage vibrant sera aussi le début de la vie adulte et la promesse que les passions qu’ils partagent – la musique, le cinéma, l’humour, la provoc – résisteront toujours.

Trente ans plus tard, le téléphone sonne. Tully annonce une nouvelle importante, une nouvelle qui va tout renverser.

 

Les histoires d’amitié peuplent la littérature. Peut-être pensez-vous avoir tout lu sur le sujet, être revenu de tout : ne passez pas à côté de cette petite merveille !

Le texte se divise en deux parties : l’été 1986 et l’automne 2017. J’ai trouvé la première un peu longue, n’étant pas très fan d’histoires d’adolescents et manquant de références, en particulier musicales. Cependant, elle recréé avec brio l’insouciance de la jeunesse, que des quotidiens parfois difficiles n’arrivent pas à entamer longtemps.

« Il n’était pas tant le papillon que l’air qui le porte. »

Dès le début, le style marque par sa grâce ; le regard de l’auteur, perspicace, ne manque pas pour autant de tendresse envers ses personnages. Ces derniers sont très réussis, complexes, plus que vrais ; même le narrateur, sorte de Nick Carraway, a une épaisseur que le personnage de Fitzgerald n’a pas.

« Tout le monde ne peut pas faire comme moi. Tout le monde ne peut pas aller de l’avant et divorcer de ses parents. »


Le propos alterne entre les moments triviaux et les remarques bien vues, subtiles parfois, le tout saupoudré d’humour. S’y ajoute l’émergence d’une pensée politique chez ces jeunes, qui rompt avec celle de leurs pères (racistes et conservateurs) : « … on défend les ouvriers. – Je défends leurs droits, pas leurs préjugés. »

« Mary était audacieuse, mais Mme O’Connor donnait dans quelque chose d’encore plus mystérieux : la gentillesse. »

 

La seconde partie m’a enchantée. Les personnages ont pris de la profondeur, tout en restant eux-mêmes. Et ce qui est superbe, c’est cette amitié qui n’a rien perdu de sa vigueur, y compris face à l’adversité.

« Quand nous marchâmes sur le parquet pour traverser la salle, j’eus l’impression que nous frappions à toutes les portes du passé et que nous cherchions à nous enfuir. »

Aussi rugueux que soit le contexte, le style est élégant. Par ailleurs, les personnages montrent leur vulnérabilité et ça vous touche en plein coeur. 

« C’était un ami de l’amitié et il n’attendait jamais des gens qu’ils soient meilleurs qu’ils ne l’étaient. »


Les Éphémères dresse le portrait d’une époque, de générations, de transfuges de classes aussi, le tout avec une grâce incommensurable et des personnages inoubliables.