Écosse, été 1986. Sur fond de
thatchérisme sauvage, un groupe de jeunes gars de la classe ouvrière décide de
suivre Tully pour fêter la fin du lycée dans un festival de musique mythique à
Manchester, la Mecque du punk rock, de la new wave, de la musique qu’on met à
fond ! Ce voyage vibrant sera aussi le début de la vie adulte et la promesse
que les passions qu’ils partagent – la musique, le cinéma, l’humour, la provoc
– résisteront toujours.
Trente ans plus tard, le
téléphone sonne. Tully annonce une nouvelle importante, une nouvelle qui va
tout renverser.
Les histoires d’amitié peuplent la littérature. Peut-être pensez-vous avoir tout lu sur le sujet, être revenu de tout : ne passez pas à côté de cette petite merveille !
Le texte se divise en deux
parties : l’été 1986 et l’automne 2017. J’ai trouvé la première un peu
longue, n’étant pas très fan d’histoires d’adolescents et manquant de références,
en particulier musicales. Cependant, elle
recréé avec brio l’insouciance de la jeunesse, que des quotidiens parfois
difficiles n’arrivent pas à entamer longtemps.
« Il n’était pas tant le
papillon que l’air qui le porte. »
Dès le début, le style marque par
sa grâce ; le regard de l’auteur, perspicace, ne manque pas pour autant de
tendresse envers ses personnages. Ces derniers sont très réussis, complexes,
plus que vrais ; même le narrateur, sorte de Nick Carraway, a une
épaisseur que le personnage de Fitzgerald n’a pas.
« Tout le monde ne peut
pas faire comme moi. Tout le monde ne peut pas aller de l’avant et divorcer de
ses parents. »
Le propos alterne entre les
moments triviaux et les remarques bien vues, subtiles parfois, le tout saupoudré
d’humour. S’y ajoute l’émergence d’une pensée politique chez ces jeunes, qui
rompt avec celle de leurs pères (racistes et conservateurs) : « …
on défend les ouvriers. – Je défends leurs droits, pas leurs préjugés. »
« Mary était audacieuse,
mais Mme O’Connor donnait dans quelque chose d’encore plus mystérieux : la
gentillesse. »
La seconde partie m’a enchantée.
Les personnages ont pris de la profondeur, tout en restant eux-mêmes. Et ce qui
est superbe, c’est cette amitié qui n’a rien perdu de sa vigueur, y compris
face à l’adversité.
« Quand nous marchâmes
sur le parquet pour traverser la salle, j’eus l’impression que nous frappions à
toutes les portes du passé et que nous cherchions à nous enfuir. »
Aussi rugueux que soit le contexte, le style est élégant. Par ailleurs, les personnages montrent leur vulnérabilité et ça vous touche en plein coeur.
« C’était un ami de
l’amitié et il n’attendait jamais des gens qu’ils soient meilleurs qu’ils ne
l’étaient. »
Les Éphémères dresse le
portrait d’une époque, de générations, de transfuges de classes aussi, le tout
avec une grâce incommensurable et des personnages inoubliables.