Victor Hugo vient de mourir – Judith
Perrignon
Pocket,
2017, 165 pages
Judith
Perrignon narre les dernières heures et les jours qui suivirent la mort de
Victor Hugo jusqu’à son enterrement. L’écrivain connut la gloire de son vivant
et sa mort fut un événement qui dépassait le monde littéraire. En effet, de par
ses engagements, Hugo était aussi un homme de politique et son enterrement devînt
une affaire d’Etat.
J’ai
redécouvert Hugo en 2015 avec la lecture du Dernier jour d’un condamné ; j’ai poursuivi l’expérience en 2016 en lisant Claude Gueux.
Judith
Perrignon nous offre un roman foisonnant, centré sur les réactions aux
événements de personnages qui représentent différentes façons d’appréhender le
monde. C’est une bonne façon d’évoquer les courants de pensées politiques et
l’état de la société française de la fin du XIXe.
L’autrice
souligne combien Hugo divise : si le petit peuple semble unanimement
derrière lui, ceux qui sont impliqués d’une façon ou d’une autre à titre politique
(ou syndical, etc.) ont des avis plus nuancés. On reproche essentiellement à
Hugo de n’avoir été que demi-mesure, de vivre dans les beaux quartiers, de ne
pas avoir suffisamment utilisé sa renommée pour infléchir les décisions
politiques. Pourtant, il paraît difficile de le bouder très longtemps, ne
serait-ce que par opportunisme : l’engouement du peuple montre de quel côté
penche la balance.
Perrignon brosse
les grandes lignes de la vie de Hugo et ses tragédies intimes ; sauf à
tout ignorer de l’écrivain, on peut amplement comprendre le récit, ses
implications, sans être un hugolien chevronné. Au contraire, l’autrice donne
envie d’en savoir plus aussi bien sur l’homme que sur son œuvre.
Passant de
l’intime (la famille) au grandiose (l’hommage national), d’un destin individuel
à celui d’une Nation, Judith Perrignon raconte avec une passion à laquelle on
se laisse prendre en dépit de quelques brefs moments de flottement.
Accessible
et prenant, Victor Hugo vient de mourir
est un roman qui mérite le détour.