Charles Draper – Xavier de Moulins

Charles Draper – Xavier de Moulins
Charles Draper – Xavier de Moulins
JC Lattès, 2016, 230 pages


À la demande de Mathilde, Charles a quitté Paris pour s’installer à la campagne avec leurs deux filles. Une vie au vert, rythmée par ses allers-retours vers la capitale pour s’occuper de sa société. Le bonheur de Mathilde n’a pas de prix : tout le monde le sait, Charles ferait tout pour sa famille. Alors pourquoi Mathilde est-elle de plus en plus distante ? Est-ce le regret de Paris, de sa vie d’avant ? Le voisin, Clément, qui lui a montré la voie d’un ailleurs possible ? Ou bien ce reflet dans le miroir, ces quelques kilos en trop qui ont surgi sur la balance, ce profil d’homme mûr, moins ferme que dans leur jeunesse ? Il y a forcément quelque chose. Si seulement Charles pouvait comprendre…


C’est avant tout un roman très bien conçu, bien construit, et cela du prologue à la dernière page.
Le lecteur observe Charles Draper, connaît toute ses pensées, et le moins que l’on puisse dire, c’est que Charles Draper est en plein désarroi. Il est persuadé que sa femme ne l’aime plus, puis qu’elle le trompe. Son amour pour elle ne s’est pas émoussé avec les années et la relation semble désormais déséquilibrée, voire à sens unique. Alors Charles Draper part à la reconquête de son épouse : il se met au régime et surtout au sport. Il se scrute dans la glace et quoi que l’on dise (sa femme, sa sœur), il ne voit que ses défauts.

La montée de cette paranoïa ordinaire est bien rendue ; Charles Draper fait penser à un Othello dont la folie s’auto-alimenterait. Mais on le plaint cet homme : d’une part parce que sa volonté de retrouver l’attention de la femme qu’il aime est touchante, d’autre part parce que son désarroi général est douloureux. Il aurait pu être agaçant à la longue notre Charles avec ses complexes, mais l’auteur sait maintenir l’intérêt et l’empathie du lecteur.

« Son monde tourne très bien sans lui. Il a la sensation d’avoir été gommé. »

On flirte avec le roman noir et le lecteur de penser que tout cela va mal finir si Charles ne reprend pas ses esprits.
Avec cette histoire somme toute banale, Xavier de Moulins accroche le lecteur qui se souvient quand même du prologue – diabolique – et qui voudrait connaître le fin mot de l’histoire.

Hormis quelques incohérences mineures, le scenario est parfait et le livre se lit quasiment d’une traite. Un écrivain à relire !


Ce livre m’a été transmis par l’éditeur via NetGalley