Trois mille chevaux-vapeur – Antonin
Varenne
Livre de
poche, 2015, 690 pages
1852, pendant la deuxième guerre anglo-birmane. Le
sergent Arthur Bowman doit accomplir une mission secrète. Mais l’expédition
tourne mal et les hommes sont capturés et torturés pendant plusieurs mois.
Seuls dix d’entre eux survivront.
Londres, 1858. Alors qu'il noie son passé dans
l'opium et l'alcool, Bowman découvre dans les égouts le cadavre d'un homme
atrocement mutilé. La victime semble avoir subi les mêmes sévices que ceux
qu'il a endurés six ans auparavant. Persuadé que le coupable est l'un de ses
anciens compagnons de captivité, Bowman décide de partir à sa recherche.
Si cette présentation (éditeur) ne vous tente pas
plus que ça, arrêtez-vous quand même sur ce roman. En effet, plus qu’un
western, ce livre raconte l’histoire d’un homme, celle de son enfer puis de sa
rédemption et, le plus fort, c’est que le propos n’est jamais caricatural. C’est
l’histoire d’une (en)quête qui prend ses racines en Asie, son point de départ
en Europe pour se déployer en Amérique.
L’épaisseur du roman, qui pourrait effrayer, n’est
finalement pas du tout un handicap. Antoine Varenne nous fait vivre des aventures palpitantes dont je ne me
suis lassée à aucun moment (je serais même repartie pour 700 pages de plus sans
problème). L’auteur ne nous assomme pas sous une abondance de détails ennuyeux ;
aucun passage n’est inutile ; on est dans l’action et rien n’est gratuit.
Le style est agréable, adapté au sujet, et l’évocation
de l’Ouest américain très bien rendue. Il me suffisait d’ouvrir le livre pour
être transportée sur place. Tout est très bien construit, dans un souci d’efficacité
sans pour autant sacrifier à la dimension
romanesque.
C’est un livre qui est à des années-lumière de mes
lectures habituelles et qui a pourtant su me toucher. Je me suis attachée à
Arthur Bowman qui, s’il n’a rien d’un enfant de chœur, n’est pas non plus un
adepte de la violence gratuite.
C’est la quête de Bowman et son évolution qui sont
passionnantes ; on est très loin du « western de base ».
Ce roman appartient à la littérature populaire de qualité qui se lit avec plaisir sans pour
autant aligner les clichés.
L’enquête assure un certain suspense et apporte
une dose supplémentaire de danger qui donne quelques palpitations.
C’est surtout un
roman superbe avec beaucoup de souffle, une ampleur que l’on trouve
rarement en littérature française.
Un livre qui reste en tête et que je relirai avec
plaisir. A lire par tous les amateurs de romans d’aventures (et les autres).
Ce livre a été lu dans le cadre du jury des lecteurs du
Livre de poche.