Nouvelles de Pétersbourg – Nikolaï
Gogol
(Petersburskié povesti, 1842 pour
l’ensemble)
Babel, 2007,
416 pages
Traduction
d’André Markowicz
Recueil de
six nouvelles et d’un fragment de roman, les Nouvelles de Pétersbourg ne se lisent pas n’importe comment. Le
lecteur apprend cela dans la postface de Jean-Philippe Jaccard, dont une partie
aurait mérité d’être une préface, notamment cet avertissement. En effet,
l’agencement proposé par Babel reprend celui de Gogol lui-même, fragment
inclus. C’est que l’auteur a vu dans ces textes, composés à des dates diverses,
une logique qui fait que leur ordonnancement renforce le sens de chacun d’entre
eux pris séparément.
Les textes
sont d’intérêts assez inégaux à la lecture et, hormis dans la première partie
du Portrait, Gogol ne donne pas le
sentiment d’être un grand styliste. Son point fort, c’est de donner vie à ses
personnages, pas particulièrement sympathiques, c’est de conférer une dimension
quasi-mythique à Saint-Pétersbourg, en particulier dans la nouvelle
d’ouverture, La perspective Nevski.
Mais ses histoires sont bizarres, pas toujours bien claires et on finit par
avoir le tournis.
Ces textes
se lisent avec intérêt mais peut-être pas avec passion et, sur la distance, il
est difficile de conserver suffisamment d’envie pour s’enthousiasmer.
L’éclairage
qu’en donne Jean-Philippe Jaccard est à la fois fort intéressant mais aussi un
brin déprimant quand on apprend l’importance de la dimension religieuse de cet
ensemble de textes. Gogol n’avait pas d’ambition politique comme l’ont dit de
précédents commentateurs. On peut le regretter finalement tant il a un sens
aigu de la caricature et une férocité dans le trait qui se prête bien à ce
genre d’intention.
En
définitive, ce fut une lecture en demi-teinte et je préfère le Gogol romancier
au Gogol nouvelliste.