A l’ombre de la fête – Marie France Versailles

A l ombre de la fête Marie France Versailles
A l’ombre de la fête – Marie France Versailles
Quadrature, 2010, 127 pages


Louis va bientôt avoir quatre-vingt ans. A l’ombre de la fête qui se prépare pour lui, Marie France Versailles nous fait entr’apercevoir ce qui habite certains membres de la famille, des femmes surtout, qui se questionnent sur leurs vies ou se souviennent et tentent de mettre de l’ordre dans leurs idées.


L’accent est mis ici sur l’intime, l’intériorité. Ces personnages sont communs et leurs vies pourraient être celle du lecteur avec ses soucis habituels. A ce titre, l’auteur flirte parfois avec le banal et l'ennui qu'il suscite à la lecture. Néanmoins, on arrive facilement à s’identifier à ces personnages ne serait-ce que sur un aspect particulier de leur vie ou de leur façon d’agir et c’est ainsi que ces tranches de vies nous attachent. Il ne se passe rien de palpitant et pourtant l’exposition de ces micro-failles et le dénouement qui y est apporté retiennent l’attention.

Tous les personnages sonnent justes alors même qu’ils sont tous différents. Si leur quotidien est celui de l’individu lambda et manque donc un peu d’éclat, leur vie intérieure parle au cœur du lecteur.
C’est peut-être pour cela que l’écriture est inégale. Les descriptions de paysages manquent de naturel et n’apportent pas grand-chose, voire rien, aux histoires. D’une façon générale, le style m’a semblé assez fade et conventionnel mais peut-être s’agissait-il de s’accorder à l’apparence extérieure des vies des personnages. Dès qu’il s’agit de se concentrer sur des points majeurs, le fond ravive l’intérêt et la plume se fait plus ferme, sans jamais être incisive toutefois.

Stylistiquement, c’est un recueil de textes qui conviendra à ceux aimant les ambiances douillettes ; à ce titre, je n’y ai pas trouvé mon compte.
Sur le fond, cependant, ces mini-révolutions qui naissent à l’intérieur et finissent généralement par avoir une répercussion sur l’entourage sont fort intéressantes à observer.


On pourra regretter la dernière nouvelle dont l’intérêt reste encore un mystère à mes yeux. C’est d’autant plus dommage qu’il y avait du potentiel pour souligner l’unité de ces histoires au-delà des liens familiaux unissant les personnages.


Cela reste une découverte que je ne regrette pas pour ces mini-éclats de concordance de pensée ou d’émotion. Quand des semaines après votre lecture vous vous souvenez de chaque histoire la conclusion s’impose : entre ces gens-là et vous, il s’est passé quelque chose.