Le tigre blanc – Aravind Adiga

Le tigre blanc– Aravind Adiga
Le tigre blanc– Aravind Adiga
(The White Tiger, 2008)
10-18, 2010, 320 pages
Traduction d'Annick Le Goyat

Man Booker Prize 2008


Dans l’Inde d’aujourd’hui, Balram Halwai nous raconte comment il a réussi à devenir un entrepreneur de Bangalore, lui qui était voué à une existence misérable au fin fond de l’Inde ignorée.


C’est un roman politiquement incorrect et, évidemment, j’ai adoré cet aspect ! Le ton incisif, pour ne pas dire cynique, m'a néanmoins un peu rebutée au départ. Cependant, la dénonciation de l’Inde actuelle, dont la modernité est tant vantée alors même que seule une minorité arrive à s’en sortir, que les castes existent toujours et que cette société est toujours aussi cruelle avec les individus qui la composent est une réussite. 
C'est véritablement le fond du roman qui accroche et démarque l'oeuvre de tout ce que j'avais pu lire jusque là sur ce pays. De même, cette intrigue très moderne est séduisante. En tant qu’occidentale, j’ai apprécié ce regard différent qui ne verse ni dans le misérabilisme, ni dans l'admiration imbécile.

Enfin, on s'attache (étonnamment) au narrateur et à son évolution dans le temps : futé mais pas vantard (du moins pas au-delà de ce dont il peut réellement se vanter), intelligent dans le sens où il prend conscience de ce qui l’attend s’il ne prend pas en main son destin, fin stratège, ce qui implique aussi un minimum de cruauté dans la société concernée. 

« … aujourd’hui, je suis maître de chauffeurs. Je ne les traite pas comme des serviteurs… Je ne les insulte pas en leur disant qu’ils sont de ma « famille ». Ce sont mes employés, je suis leur patron, c’est tout. Je leur fais signer un contrat, que je signe aussi, et nous devons, eux comme moi, l’honorer. »


N’ayant pas lu les autres titres « shortlistés » pour le Booker 2008, je ne peux affirmer que ce prix est mérité, mais, pour un premier roman, on n’est pas loin du coup de maître. Reste, pour le lecteur, à surmonter ce ton, cette écriture très particulière car le fond est vraiment bien amené en dépit de quelques digressions ou répétitions pas toujours utiles.

Irrévérencieux, ce texte est sans nul doute à tester par tout lecteur intrépide.